Wake up and Coffee

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Last Updated on 12 janvier 2024 by Frank César LOVISOLO

 
Quelques mots
Le réveil au petit jour - Joan Miró

Joan Miró – Le réveil au petit jour 1941 / 1959

Le réveil

Si tu m’appartenais (faisons ce rêve étrange !),
Je voudrais avant toi m’éveiller le matin
Pour m’accouder longtemps près de ton sommeil d’ange,
Egal et murmurant comme un ruisseau lointain.

J’irais à pas discrets cueillir de l’églantine,
Et, patient, rempli d’un silence joyeux,
J’entrouvrirais tes mains, qui gardent ta poitrine,
Pour y glisser mes fleurs en te baisant les yeux. 

Et tes yeux étonnés reconnaîtraient la terre
Dans les choses où Dieu mit le plus de douceur,
Puis tourneraient vers moi leur naissante lumière,
Tout pleins de mon offrande et tout pleins de ton cœur.

Oh ! Comprends ce qu’il souffre et sens bien comme il aime,
Celui qui poserait, au lever du soleil,
Un bouquet, invisible encor, sur ton sein même,
Pour placer ton bonheur plus près de ton réveil !

René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
Recueil : Les solitudes (1869).

Ivana Kobilca - Kofetarica<br>( La Buveuse de café, 1888 )

Ivana KobilcaKofetarica, 1888
( La Buveuse de café )

Le café

Il est une liqueur, au poète plus chère,
Qui manquait à Virgile, et qu’adorait Voltaire ;
C’est toi, divin café, dont l’aimable liqueur
Sans altérer la tête épanouit le cœur.

Aussi, quand mon palais est émoussé par l’âge,
Avec plaisir encor je goûte ton breuvage.
Que j’aime à préparer ton nectar précieux !
Nul n’usurpe chez moi ce soin délicieux.

Sur le réchaud brûlant moi seul tournant ta graine,
A l’or de ta couleur fais succéder l’ébène ;
Moi seul contre la noix, qu’arment ses dents de fer,
Je fais, en le broyant, crier ton fruit amer,

Charmé de ton parfum, c’est moi seul qui dans l’onde
Infuse à mon foyer ta poussière féconde ;
Qui, tour à tour calmant, excitant tes bouillons,
Suis d’un œil attentif tes légers tourbillons.

Enfin, de ta liqueur lentement reposée,
Dans le vase fumant la lie est déposée ;
Ma coupe, ton nectar, le miel américain,
Que du suc des roseaux exprima l’Africain,

Tout est prêt : du Japon l’émail reçoit tes ondes,
Et seul tu réunis les tributs des deux mondes.
Viens donc, divin nectar, viens donc, inspire-moi.
Je ne veux qu’un désert, mon Antigone et toi.

A peine j’ai senti ta vapeur odorante,
Soudain de ton climat la chaleur pénétrante
Réveille tous mes sens ; sans trouble, sans chaos,
Mes pensers plus nombreux accourent à grands flots.

Mon idée était triste, aride, dépouillée ;
Elle rit, elle sort richement habillée,
Et je crois, du génie éprouvant le réveil,
Boire dans chaque goutte un rayon du soleil.

Jacques DELILLE
1738 – 1813

Quand elle s’éveilla de ce songe, elle poussa un cri épouvantable.
Le capitaine Fracasse, à, genoux près d’elle, la remerciait passionnément en couvrant de baisers ses cheveux dénoués.

Elle cria : « Allez-vous-en, allez-vous-en, allez-vous-en ! »
Et comme il ne comprenait pas et cherchait à ressaisir sa taille, elle se tordit en bégayant : « Vous êtes infâme, je vous hais, vous m’avez volée, allez-vous-en. »
Il se releva, abasourdi, prit son chapeau et s’en alla.

Guy de Maupassant – Le réveil.

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