L’Orage et la lettre d’Épicure à Pythoclès

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Last Updated on 22 décembre 2023 by Frank César LOVISOLO

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à l’écoute : Virga 
Pythoclès
Au troisième siècle avant Jésus-Christ, Épicure, dans une lettre à  Pythoclès, l’un de ses disciples, émettait diverses hypothèses sur la formation des orages et ses phénomènes attenants.
En juin 2015, j’ai simplement tenté d’en photographier les éclairs…

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Épicure à Pythoclès, salut…
Cléon m’a apporté une lettre de toi…

Pythoclès - Lovisolo - Orage - Foudre -Tonnerre - Epicure

… Le tonnerre peut se produire soit par suite du roulement à l’intérieur des nuages, ainsi que cela a lieu à l’intérieur de nos récipients, soit par suite du son grave que rend le feu venant à se condenser en souffle au sein des nuages, soit par suite de la déchirure et de la dispersion des nuages, soit par suite de froissements, de poussées, entre nuages ayant pris la consistance de la glace ; en un mot, les phénomènes nous suggèrent plusieurs explications de ce fait du tonnerre comme des autres.

Les éclairs, à leur tour, peuvent également se produire de plusieurs manières. Il se peut que, par suite du frottement et du choc mutuel des nuages, des corpuscules conformés pour donner du feu s’échappent et engendrent l’éclair. Il se peut que les vents agissant comme des soufflets fassent jaillir hors des nuages des corps qui produisent la lueur en question.

Il se peut encore que les vents ou la pression mutuelle des nuages expriment les éclairs du sein de ceux-ci. Il se peut que la lumière répandue par les astres se soit accumulée à l’intérieur des nuages et que le choc des autres nuages et du vent l’en fasse tomber tout d’un coup à travers les nuages.

Il se peut que la partie la plus subtile de la lumière filtre à travers les nuages et se mette en mouvement. Il se peut que le vent s’enflamme en conséquence d’une translation rapide et d’une rotation très vive.

Il se peut que les nuages se déchirent sous l’action du vent et qu’il en tombe des atomes produisant du feu et prenant l’aspect de l’éclair. 

Il y a encore plusieurs autres explications possibles qu’on découvrira sans peine, pourvu qu’on se laisse guider par les phénomènes terrestres, et qu’on soit capable d’embrasser d’un regard l’ensemble des choses qu’on peut concevoir à leur ressemblance dans le ciel.

Que si l’éclair devance le tonnerre dans les orages, c’est parce que les corpuscules propres à produire l’éclair s’échappent des nuages aussitôt qu’ils ont été frappés par le vent, tandis que le vent ne produit le tonnerre qu’un peu après, en roulant à travers les nuages.

C’est peut-être aussi que, l’éclair et le tonnerre tombant en même temps, l’éclair nous parvient avec plus de vitesse, tandis que le tonnerre va plus lentement ; car c’est ce que nous voyons arriver sur la terre pour certains corps que nous apercevons à distance frappant d’autres corps dont le son ne nous parvient qu’après.

La foudre peut se produire par suite du rassemblement de beaucoup de vents, de leur tourbillonnement violent, de leur embrasement, de la brisure du courant dans l’une de ses parties et de la chute violente qui s’ensuit vers les lieux inférieurs, cette brisure ayant lieu parce que les lieux voisins sont rendus plus denses par la compression des nuages.

La foudre peut encore se produire, de même que le tonnerre aussi, par la chute et le tourbillonnement du feu qui, devenu trop abondant, se condense en souffle, se trouve par-là plus fort, et brise les nuages, faute de pouvoir avancer une fois qu’il les a déjà poussés les uns contre les autres.

Il y a encore beaucoup d’autres explications possibles de la foudre. Qu’on tienne seulement le mythe à l’écart, et l’on y parviendra, pourvu qu’on se laisse conduire par les phénomènes dans les inférences sur les choses cachées…

Traduction d’Octave Hamelin, publiée dans la Revue de métaphysique et de morale en 1910 . Lettre Extraite du Livre X des Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce.

 

Illustration Musicale : Virga (FLG – Sacem 2015) 

Composition de musique électroacoustique pour : des enregistrements de sons de la nature quantifiés (orages, pluie et dégringolades de rochers), quelques bruits d’instruments plus succincts qu’il n’est point utile de reconnaître, deux synthétiseurs employés comme filtres, une réverbération à convolution, un délai et d’autres traitements numériques traitant le timbre et la dynamique.  

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8 Commentaires

  1. Orage au désespoir du photographe météophile, observateur à la fois cosmique et multiproportionnel. Mais que faisait-il, à pareille heure, perché si haut au sommet d’un tel immeuble ? (à part des photos)…

  2. Soyons indulgents pour Epicure car il faudrait comparer avec ce que me disait ma grand mère au XX° siècle sur la foudre qu’elle arrivait à personnaliser en me racontant ses méfaits. Belle musique. Si papé avait pu l’entendre !

  3. Ma grand mère expliquait l’éclair d’une autre façon. C’était une entité malfaisante capable de meurtre qui parvenait à arracher des mains les objets les plus divers : fer à repasser, fourchette etc. Pas mal non ?

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