Last Updated on 15 octobre 2021 by Frank César LOVISOLO
Neva
à l’écoute : Trente et une nuances de sable |
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Cela aurait dû être plus long… Un mois plus tard et le trajet aurait été plus étendu… Je vous le dis, il vaut mieux le mois de mai pour cette escapade. L’air est très froid quand nous prenons place dans ce bateau que l’on comprend profilé pour la navigation fluviale même «fluvioglaciaire» si l’on considère la température de l’eau. Je comprends bien que l’engin deviendrait vite une périssoire si, même sur le fleuve, les vagues devenaient coquines! J’ose un doigt dans l’eau… Je vous laisse deviner, j’ai cru que je l’avais perdu! Pourtant, un matelot un peu plus loin, nonchalant et pieds nus sur le pont, récure à grande eau son navire! Il faut vous dire que l’air ambiant, avec un superbe soleil, frôle les 5°. Une canicule quand on pense aux températures hivernales où le -25° n’est pas une rareté! C’est une agréable manière de découvrir la ville que cette navigation sur les rivières, fleuves et canaux qui la sillonnent. Une traversée étonnante, dans le temps et l’espace, en dessous des palais étincelants, longeant les berges de granit. On oublie vite le froid tant on est accaparé par le spectacle. Dans son poème, «Le Cavalier de bronze», Alexandre Sergueïevitch Pouchkine évoque, en 1833, les splendides monuments de la ville et, pareillement, les quais de la Neva… |
Le Cavalier de bronze– Oui je t’aime, cité, création de Pierre ; J’aime le morne aspect de ta large rivière, J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid, Et tes grilles d’airain et tes quais de granit. Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance, C’est de tes blanches nuits la molle transparence, Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs, Que l’amant puisse lire à tes douces pâleurs Le billet attardé, que, d’une main furtive, Traça loin de sa mère une amante craintive. Alors, sans qu’une lampe aux mouvantes clartés, Dispute à mon esprit ses rêves enchantés, Par toi seule guidé, poète au cœur de flamme, Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme. Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté, Tu parcours sur ton char la muette cité, Versant aux malheureux, dans ta course nocturne, Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne, Et regardant au loin, comme un rigide éclair, L’Amirauté dressant son aiguille dans l’air. Alors, de notre ciel par ton souffle effacée, Vers le noir occident l’ombre semble chassée, Et l’on voit succéder, de la main se touchant, La pourpre de l’aurore à celle du couchant. – Alexandre Pouchkine 1833 Traduction – Alexandre Dumas | ![]() Les Adieux de Pouchkine à la mer, tableau d’Ilia Répine et de Ivan Aïvazovski (1877) |
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