Arno
à l’écoute : Nix |
Florence… J’aimerai, pour l’escale nocturne, une chambre avec vue sur l’Arno…Pour l’intrépide voyageur, la capitale toscane est une étape obligée. |
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Serais-tu ce Virgile, cette fontaine d’où coule un si large fleuve du parler ? lui répondis-je, la rougeur au front. O des autres poètes honneur et lumière ! que me soit compté le long désir et le grand amour qui m’a fait chercher ton volume, tu es mon maître et mon père : à toi seul je dois le beau style qui m’a honoré. Vois la bête à cause de qui je me suis retourné : sage fameux, secours-moi contre celle qui fait frémir mes veines et mon pouls. Il te faut prendre une autre route, répondit-il, me voyant pleurer, si tu veux sortir de ce lieu sauvage ; car la bête qui excite tes cris ne laisse passer personne par sa voie, mais l’empêche tellement, qu’elle le tue, et sa nature est si méchante et si farouche, que jamais son appétit n’est rassasié, et qu’après s’être repue, elle a plus faim qu’auparavant. Les animaux avec qui elle s’accouple sont nombreux, et le seront plus encore, jusqu’à ce que vienne le Lévrier qui tristement la fera mourir, celui-ci ne se nourrira ni de terre ni d’argent, mais de sagesse, d’amour et de vertu, et sa patrie sera entre Feltre et Feltre, il sera le salut de cette humble Italie pour qui, blessés, moururent la vierge Camille, Euryale, Turnus et Nisus. De partout il chassera la louve, jusqu’à ce qu’il l’ait remise en enfer, d’où premièrement la tira l’envie, je pense donc et juge que pour toi le mieux est de me suivre, et je serai ton guide, et hors d’ici je te conduirai par un lieu éternel, où tu ouïras les hurlements du désespoir et tu verras les antiques esprits désolés, dont chacun à grands cris appelle une seconde mort : et ceux qui dans le feu sont contents, parce qu’ils espèrent venir un jour parmi les bienheureux, vers qui ensuite, si tu veux monter, te guidera une âme plus digne de cela que moi. Avec elle en partant je te laisserai, parce qu’à sa loi ayant été rebelle, le Roi qui règne là-haut ne veut pas que par moi l’on vienne en sa cité, partout il commande, et de là il régit : là est sa demeure et son trône sublime. Heureux celui qu’à ce séjour il a élu ! » Dante Alighieri – Extrait – La Divine Comédie /L’Enfer/Chant I – La suite >>>>>>>>> |