BrutalismeLe terme « brutalisme » vient du français « brut ». Le « béton brut » est le terme employé par Le Corbusier (celui-ci voit dans le béton son côté sauvage, naturel, primitif, sans transformation). La forme du béton est marquée par les planches de bois ayant servi au moulage. Cette technique est exploitée par Le Corbusier. C’est aux architectes anglais Alison et Peter Smithson que l’on doit l’usage par antiphrase de ce terme et la création de ce néologisme en architecture en 1954, Peter Smithson se faisant appeler Brutus en hommage au sénateur romain qui a tué César pour sauver la République romaine. Mais le terme ne devient véritablement populaire et positif à ses débuts qu’avec la parution de New Brutalism (Le Nouveau Brutalisme, traduction littérale : La Nouvelle Brutalité), ouvrage du critique Reyner Banham qui emploie le mot pour désigner la révolution architecturale en cours en Angleterre: celle des matériaux, des formes et des fonctions de l’habitat et des édifices publics avec leur accessibilité de voirie. La vision des concepteurs de ce mouvement est plutôt éthique, philosophique, la vision établie par la population est plutôt sensible. Le brutalisme désigne un style architectural issu du modernisme. Il connut une grande considération entre les années 1950 et 1970. Puis il condensa sur lui une grande impopularité: c’est sous ce nom que l’on rassembla toutes les constructions dures et imposantes en béton. Les premiers exemples d’architecture brutaliste sont inspirés des travaux de l’architecte franco-suisse Le Corbusier, notamment de sa Cité radieuse (1952) et du bâtiment ministériel de Chandigarh, en Inde (1953). Ce mouvement architectural parti de l’Angleterre est parallèle au mouvement artistique du Pop art. Les structures brutalistes se composent de formes géométriques massives et anguleuses qui frappent par leur répétition. La formule du « brut de décoffrage » sans revêtement ni fioriture est noble dans cette architecture dans laquelle ses critiques voient une esthétique d’entrepôt. Le brutalisme milite pour la réunion des fonctions dans les bâtiments. Dans les années 1950, la démocratisation de l’enseignement supérieur rend nécessaire la construction rapide d’installations universitaires peu coûteuses. Les principes brutalistes sont mis à contribution à cet effet. C’est le cas de l’Institut de technologie de l’Illinois aux États-Unis, en 1956, du Centre des arts de l’université de Bochum en Allemagne, en 1966, de l’École fédérale d’architecture et d’urbanisme de São Paulo au Brésil, en 1969, ou encore de la ville de Louvain-la-Neuve durant les années 1970. Bien que le mouvement brutaliste ait quasiment disparu au milieu des années 1980, laissant la place à l’architecture high-tech et au déconstructivisme, des architectes actuels se sont néanmoins inspirés des principes du courant, tels que Tadao Andō, Jacques Herzog ou Shigeru Ban7. Plusieurs aspects donnant au style son caractère brut ont été réutilisés mais de manière adoucie, comme des façades en béton sablées pour donner l’impression de la pierre, couvertes de stuc ou composées d’éléments préconstruits. Ces techniques sont également employées dans la rénovation d’édifices brutalistes, comme celle du complexe immobilier de Park Hill à Sheffield (Angleterre), réhabilité entre 2008 et 2011. Suite et suite >>>>> |