à l’écoute : Les Flâneries du Photographe |
Je me demandais, l’œil dans le viseur, quels dieux auraient eu le temps, occupé jour et nuit à infecter l’existence des hommes, de s’employer à l’architecture de ce qui est présenté plus bas, à moins que ceux-ci, comme le soutenait Épicure, n’interviennent en aucun cas dans leur vie. Lucrèce reprendra ce postulat (De rerum natura), et bien plus tard, vous excuserez le raccourci, par Nietzsche (L’Antéchrist).
Atchoum !!! J’éternue haut et fort comme il se doit dans la nature… Quelques pollens espiègles me firent sûrement une niche.
« Athée souhait ! » entendis-je au loin… Mon imagination fantaisiste sans doute !
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EpicureDe Rerum Natura: De la nature des choses ( Extrait Livre 1) [1,270] je te citerai des corps dont tu seras forcé de reconnaître l’existence, quoiqu’ils échappent à la vue. D’abord, c’est le vent furieux qui bat les flots de la mer, engloutit de vastes navires, et disperse les nuages; ou qui, parcourant les campagnes en tourbillon rapide, couvre la terre d’arbres immenses, abat les forêts d’un souffle, tourmente la cime des monts, et irrite les ondes frémissantes qui se soulèvent avec un bruit menaçant. Il est clair que les vents sont des corps invisibles, eux qui balayent à la fois la terre, les eaux, les nues, et qui les font tourbillonner dans l’espace. [1,280] C’est un fluide qui inonde et ravage la nature, ainsi qu’un fleuve dont les eaux paisibles s’emportent tout à coup et débordent, quand elles sont accrues par ces larges torrents de pluie qui tombent des montagnes, entraînant avec eux les ruines des bois, et des arbres entiers. Les ponts les plus solides ne peuvent soutenir le choc impétueux de l’onde, tant le fleuve, gonflé de ces pluies orageuses, heurte violemment les digues: il les met en pièces avec un horrible fracas; il roule dans son lit des rochers énormes, et abat tout ce qui lui fait obstacle. [1,290] C’est ainsi que doivent se précipiter les vents, qui chassent devant eux et brisent sous mille chocs tout ce que leur souffle vient battre comme des flots déchaînés, et qui parfois saisissent comme en un gouffre et emportent les corps dans leurs tourbillons rapides. Je le répète donc, les vents sont des corps invisibles, puisque, dans leurs effets et dans leurs habitudes, on les trouve semblables aux grands fleuves qui sont des corps apparents. Enfin, ne sentons nous pas les odeurs émanées des corps, quoique nous ne les voyions pas arriver aux narines? [http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/lucrece_dnc_I/lecture/1.htm] |
Jean-Jacques RousseauLes Rêveries du promeneur solitaire
( Texte où on ne trouve nulle trace de ses pensées quelque peu totalitaires )
PROMENADE VII ( Extrait ) …Les plantes semblent avoir été semées avec profusion sur la terre comme les étoiles dans le ciel, pour inviter l’homme par l’attroit du plaisir & de la curiosité à l’étude de la nature, mais les astres sont placés loin de nous, il faut des connaissances préliminaires, des instruments, des machines, de bien longues échelles pour les atteindre & les rapprocher à notre portée. Les plantes y sont naturellement. Elles naissent sous nos pieds & dans nos mains pour ainsi dire, & si la petitesse de leurs parties essentielles les dérobe quelquefois à la simple vue, les instrumens qui les y rendent sont d’un beaucoup plus facile usage que ceux de l’astronomie. La botanique est l’étude d’un oisif & paresseux solitaire : une pointe & une loupe sont tout l’appareil dont il a besoin pour les observer. Il se promène, il erre librement d’un objet à l’autre, il fait la revue de chaque fleur avec intérêt & curiosité, & sitôt qu’il commence à saisir les lois de leur structure il goûte à les observer un plaisir sans peine aussi vif que s’il lui en coûtoit beaucoup. Il y a dans cette oiseuse occupation un charme qu’on ne sent que dans le plein calme des passions mais qui suffit seul alors pour rendre la vie heureuse & douce ; mais sitôt qu’on y mêle un motif d’intérêt ou de vanité, soit pour remplir des places ou pour faire des livres, sitôt qu’on ne veut apprendre que pour instruire, qu’on n’herborise que pour devenir auteur ou professeur, tout ce doux charme s’évanouit, on ne voit plus dans les plantes que des instruments de nos passions, on ne trouve plus aucun vrai plaisir dans leur étude, on ne veut plus savoir mais montrer qu’on sait, & dans les bois on n’est que sur le théâtre du monde, occupé du soin de s’y faire admirer ou bien se bornant à la botanique de cabinet & de jardin tout au plus, au lieu d’observer les végétaux dans la nature, on ne s’occupe que de systèmes & de méthodes ; matière éternelle de dispute qui ne fait pas connoître une plante de plus & ne jette aucune véritable lumière sur l’histoire naturelle & le règne végétal. De-là les haines, les jalousies, que la concurrence de célébrité excite chez les botanistes auteurs autant & plus que chez les autres savants.
En dénaturant cette aimable étude ils la transplantent au milieu des villes & des académies où elle ne dégénère pas moins que les plantes exotiques dans les jardins des curieux…..
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1er mai, dimanche. — Je vais faire une promenade sur le bord de la mer, au nord de la ville. De ce côté, la plaine n’est pas cultivée ; elle consiste en un champ de laves noires recouvertes de graminées grossières et de buissons. Les arbres qui composent ces derniers sont presque tous des mimosées. On peut dire que le paysage a un caractère intermédiaire entre celui des Galapagos et celui de Taïti ; mais je crains bien que cette description n’apprenne pas grand’chose à personne. C’est en somme un pays fort agréable, mais qui n’a ni les charmes de Taïti, ni la grandeur du Brésil. Le lendemain, je fais l’ascension de la Pouce, montagne ainsi appelée parce qu’elle est surmontée d’un rocher qui ressemble à un pouce ; elle s’élève derrière la ville, et atteint une altitude de 2600 pieds. Le centre de l’île consiste en un grand plateau entouré de vieilles montagnes basaltiques en ruines, dont les couches s’inclinent vers la mer. Le plateau central, formé de coulées de lave comparativement récentes, est ovale ; son axe le plus court a 13 milles géographiques de longueur. Les montagnes qui le bordent à l’extérieur appartiennent à cette classe que l’on appelle des cratères d’élévation ; on suppose qu’ils n’ont pas été formés comme les cratères ordinaires, mais qu’ils sont le résultat d’un soulèvement soudain et considérable. Il me paraît y avoir des objections insurmontables à cette explication ; d’autre part, je ne suis guère plus disposé à croire que, dans ce cas et dans quelques autres, ces montagnes cratériformes marginales ne soient que la base d’immenses volcans dont les sommets ont été emportés ou ont disparu dans les abîmes souterrains. Depuis que l’Angleterre en a pris possession, l’exportation du sucre a augmenté, dit-on, dans la proportion de 1 à 75. Une des grandes raisons de cette prospérité est l’excellent état des routes. Dans l’île Bourbon, qui est toute voisine, et qui appartient à la France, les routes sont encore dans le même état misérable qu’elles l’étaient ici lors de notre prise de possession. Bien que cette prospérité ait dû considérablement profiter aux résidents français, je dois dire que le gouvernement anglais est loin d’être populaire.
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Merci, Frank, la lecture de ces qlq fragments est rafraichissante. Ca fait du bien. Amitiés.
pierre
Merci Pierre !!!!
Bô comme le jardin d’Eden, vingt dieux !
🙂