Que nous conte Maupassant sur Toulon sur la fierté et le courage de ses habitants? |
![]() — Tenez, Monsieur, nous assistons à un spectacle curieux et terrible : cette invasion du choléra1 !
Vous sentez le phénol dont ces wagons sont empoisonnés, c’est qu’il est là quelque part.
Il faut voir Toulon en ce moment. Allez, on sent bien qu’il est là, Lui. Et ce n’est pas la peur d’une maladie qui affole ces gens. Le choléra c’est autre chose, c’est l’Invisible, c’est un fléau d’autrefois, des temps passés, une sorte d’Esprit malfaisant qui revient et qui nous étonne autant qu’il nous épouvante, car il appartient, semble-t-il, aux âges disparus.
Les médecins me font rire avec leur microbe. Ce n’est pas un insecte qui terrifie les hommes au point de les faire sauter par la fenêtre ; c’est le choléra, l’être inexprimable et terrible venu du fond de l’Orient.
Traversez Toulon, on danse dans les rues.
Pourquoi danser en ces jours de mort ? On tire des feux d’artifices dans la campagne autour de la ville ; on allume des feux de joie ; des orchestres jouent des airs joyeux sur toutes les promenades publiques.
C’est qu’Il est là, c’est qu’on le brave, non pas le Microbe, mais le Choléra, et qu’on veut être crâne devant lui, comme auprès d’un ennemi caché qui vous guette. C’est pour lui qu’on danse, qu’on rit, qu’on crie, qu’on allume ces feux, qu’on joue ces valses, pour lui, l’Esprit qui tue, et qu’on sent partout présent, invisible, menaçant, comme un de ces anciens génies du mal que conjuraient les prêtres barbares…
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Avant |
![]() 1880 Le Fort Saint Louis au Mourillon – Lina Bill ![]() 1880 Le Fort Saint Louis au Mourillon – Lina Bill |
Notes:
1⇑Le 15 juin 1884, une épidémie cholérique, vraisemblablement apportée par un navire revenant du Tonkin, se déclare à Toulon. L’épidémie ne tarde pas à toucher Marseille et s’étend rapidement à toute la région, faisant 16 morts en un mois et demi à Barcelonnette. C’est la dernière grande épidémie connue en dehors de la grippe. L’éradication de la maladie est due aux progrès de l’hygiène publique, aux mesures d’assainissement prises par les autorités préfectorales ou préconisées par les Conseils d’hygiène mis en place dans chaque arrondissement. 2⇑Un art moyen, Essai sur les usages sociaux de la photographie. P.Bourdieu, L.Boltanski,R.Castel, J.-C.Chamboredon. Alors que tout semble promettre la photographie, activité sans traditions et sans exigences, à l’anarchie de l’improvisation individuelle, rien n’est plus réglé et plus conventionnel que la pratique photographique et les photographies d’amateurs. Les normes qui définissent les occasions et les objets de photographie révèlent la fonction sociale de l’acte et de l’image photographique : éterniser et solenniser les temps forts de la vie collective. Aussi la photographie, rite du culte domestique, par lequel on fabrique des images privées de la vie privée, est-elle une des rares activités qui puisse encore de nos jours enrichir la culture populaire : une esthétique peut s’y exprimer avec ses principes, ses canons et ses lois qui ne sont pas autre chose que l’expression dans le domaine esthétique d’attitudes éthiques. |
Trop beau toutes ces couleurs belles photos
Merci !!!!
J’aime Toulon ma ville. Après ce reportage je l’adore