Charles Baudelaire Spleen |
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SpleenQuand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Quand la terre est changée en un cachot humide, Quand la pluie étalant ses immenses traînées Des cloches tout à coup sautent avec furie – Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Les Fleurs du Mal, 1857 |
SpleenWhen the low, heavy sky weighs like a lid
When the earth is changed into a humid dungeon,
When the rain stretching out its endless train
All at once the bells leap with rage
— And without drums or music, long hearses William Aggeler, The Flowers of Evil (Fresno, CA: Academy Library Guild, 1954) |
Le spleen baudelairien désigne une profonde mélancolie née du mal de vivre, que Charles Baudelaire exprime dans plusieurs poèmes de son recueil Les Fleurs du mal. Quoiqu’il l’associe, discrètement, pour qui veut le lire, non pas à un véritable mal mais plutôt à une rage de vivre. Cette frustration colérique d’un Idéal non réalisé, auquel il ne renonce pourtant pas. Il accompagne finalement le titre de l’ouvrage complet : Spleen et Idéal. Ce spleen éveille un espoir, aisément distinguable dans ses textes les plus sombres : « Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, riche, mais impuissant » LXXVII. Loin de renoncer à ses rêves les plus fous, même lorsqu’il essaye de disparaître dans ses Paradis artificiels, toute la subtilité du Spleen baudelairien réside donc dans une soif de beauté cachée, comme dans ce vers considéré comme le plus riche de la langue française : Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
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Charles Baudelaire est un poète français. Baudelaire est né à Paris le et mort dans la même ville, rue du Dôme, dans le 16e arrondissement, le (à 46 ans). « Dante d’une époque déchue » selon le mot de Barbey d’Aurevilly, « tourné vers le classicisme, nourri de romantisme », à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil certes bref au regard de l’œuvre de son contemporain Victor Hugo (Baudelaire s’ouvrit à son éditeur de sa crainte que son volume ne ressemblât trop à une plaquette…), mais qu’il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal. |