Sousleaugraphie 2022 – Une réalité moins colorée que les photographies.

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Paysages sous-marins au Mourillon,méditerranée,pollution,Toxicité des plastiques - All post - Frank César LOVISOLO - Paysages sous-marins au Mourillon à quelques encablures de mon domicile conséquemment sans utiliser mon véhicule. Un masque, des palmes et un haut de combinaison de plongée, afin de ne pas se blesser sur les rochers si l’on fait des photographies. Il est facile de se promener au-dessus de paysages enchanteurs qu’il faut absolument préserver. Toutefois, chemin faisant, je suis navré de constater ces actes d’incivilités qui consistent à laisser les déchets sur place.La mer Méditerranée est l’un des points chauds mondiaux de la pollution plastique : bassin semi-clos, forte densité de population côtière, tourisme saisonnier et pressions maritimes favorisent l’accumulation de macro- et microplastiques. Les plastiques flottants, sédimentés et ingérés par la faune affectent la biodiversité, les pêcheries et l’économie locale. Des avancées récentes permettent de mieux comprendre les « carrefours » de transport et la divergence entre quantités émises et quantités observées, mais des incertitudes persistent quant au stockage sédimentaire profond, au devenir des microplastiques et aux risques pour la santé humaine. ( Environment Programme, Nature)

Introduction

La Méditerranée est un bassin semi-fermé avec une circulation qui limite l’évacuation rapide des débris vers l’océan ouvert ; combiné à une forte pression anthropique, cela crée une accumulation persistante de plastiques. Les études récentes estiment des centaines de milliers de tonnes de matière plastique en circulation et mettent en évidence des zones côtières et sous-marines particulièrement impactées. (UNEP)

Sources et flux

Les principales sources sont terrestres (déchets urbains mal gérés, ruissellement, rejets fluviaux), activités maritimes (pêche, navires, aquaculture) et apports saisonniers liés au tourisme. Les modèles et observations montrent que la plupart des apports restent dans le bassin méditerranéen plutôt que d’en sortir, d’où l’image d’une « trappe à plastique ». (American Chemical Society Publications, UNEP)

Distribution et devenir des plastiques

  • Flottants (macro et microplastiques à la surface) : fortes concentrations en surface, mais très hétérogènes spatialement. Des « carrefours » de transport (zones restreintes représentant une grande part des particules transitant) ont été identifiés — points utiles pour ciblage des mesures. (Nature)

  • Sédiments et fonds marins : une fraction importante de la matière plastique déposée est exportée vers le fond (biofouling, fragmen­tation, puis enfoncement). Les inventaires de surface sous-estiment donc la masse totale. De nombreuses études documentent des concentrations élevées de microplastiques dans les sédiments côtiers et abyssaux méditerranéens. (American Chemical Society Publications, SpringerOpen)
  • Disparité « masse manquante » : les estimations d’entrée de plastique (modèles de déchets mal gérés) sont souvent supérieures à ce qui est mesuré en surface — indiquant stockage sédimentaire, fragmentation fine, ingestion par biota ou export profond. (American Chemical Society Publications)

Impacts écologiques et socio-économiques

  • Faune : enchevêtrement, ingestion (tortues, oiseaux marins, poissons, mammifères) et effets sub-létaux (blocage digestif, réduction d’appétit, faux sentiment de satiété, transfert de polluants adsorbés). (Frontiers)
  • Écosystèmes benthiques : plastiques sur le fond modifient l’habitat (enrobage des habitats benthiques, transport d’espèces invasives, altération des processus biogéochimiques). (SpringerOpen)
  • Société et économie : coûts pour le tourisme, la pêche, la navigation ; risques pour la sécurité alimentaire via la contamination des ressources marines. Les estimations économiques régionales montrent des pertes importantes pour les secteurs côtiers. (UNEP)

Méthodes et progrès récents

Les approches combinent observations de terrain (manta trawls, prélèvements de sédiment, analyses en laboratoire), suivis citizen-science, imagerie satellitaire couplée à modèles numériques Lagrangiens pour tracer les particules, et modélisation de transport et de dépôt. Des campagnes et synthèses récentes (ex. Tara, études de synthèse) ont amélioré la résolution spatiale des hotspots et des trajectoires. (Nature, ScienceDirect)

Lacunes et incertitudes

  1. Quantification complète de la masse : difficulté à mesurer micro- et nanoplastiques et fraction enfouie dans les sédiments profonds. (American Chemical Society Publications)
  2. Effets sub-létaux et cocktails chimiques : interactions entre microplastiques et polluants adsorbés, vecteurs de pathogènes, effets chroniques sur la santé des organismes et potentiellement humaine. (Frontiers)
  3. Standardisation méthodologique : variabilité des protocoles (taille de maille, méthodes d’analyse chimique) empêche comparaisons directes entre études. (SpringerOpen)

Mesures d’atténuation et politiques

  • Prévention à la source : réduction des plastiques à usage unique, amélioration de la collecte et du traitement des déchets municipaux, infrastructures dans les villes côtières et bassins versants. 
  • Actions maritimes : gestion des engins de pêche perdus, pratiques de déchet à bord, port reception facilities.

  • Coopération régionale : cadre Barcelona Convention / UNEP-MAP et plans d’action régionaux, initiatives locales (villes, ONG, programmes de nettoyage et surveillance). L’expérience méditerranéenne inclut directives et projets pilotes mais requiert un passage à l’échelle et une harmonisation normative. (unece.org,)

Conclusions et recommandations de recherche

  • Approfondir l’inventaire massique (surface + colonne d’eau + sédiments profonds) et standardiser les protocoles d’échantillonnage. (American Chemical Society Publications, SpringerOpen)
  • Développer études d’exposition/toxicité chroniques pour les espèces commerciales et évaluations du risque pour la santé humaine. (Frontiers)
  • Cibler les « carrefours » identifiés pour mesures de prévention et récupération (efficacité-coût élevée) et renforcer la gouvernance régionale et la gestion des déchets urbains. (Nature,)

Références clés (sélection)

  • Fiches et synthèses UNEP/MAP — Pollution in the Mediterranean. 
  • Borja et al., synthèses et rapports régionaux UNEP/Plan Bleu (State of the Environment and Development in the Mediterranean). (Lire)
  • van Sebille et al., « The streaming of plastic in the Mediterranean Sea » (Nature Communications, 2022) — identification des carrefours de transport. (Nature)

  • Cózar et al. / Lebreton et al. et études de bilan massique / « Closing the Mediterranean Marine Floating Plastic Mass Budget » (ACS EST, 2020). (American Chemical Society Publications)

  • Revue Frontiers on microplastics in the Mediterranean (2021) — synthèse sur distribution et impacts biologiques. (Frontiers)
  • Études sur sédiments et fonds marins (SpringerOpen / MDPI synthèses récentes). (SpringerOpen, MDPI)


Paysages sous-marins au Mourillon,méditerranée,pollution,Toxicité des plastiques - All post - Frank César LOVISOLO - Paysages sous-marins au Mourillon à quelques encablures de mon domicile conséquemment sans utiliser mon véhicule. Un masque, des palmes et un haut de combinaison de plongée, afin de ne pas se blesser sur les rochers si l’on fait des photographies. Il est facile de se promener au-dessus de paysages enchanteurs qu’il faut absolument préserver. Toutefois, chemin faisant, je suis navré de constater ces actes d’incivilités qui consistent à laisser les déchets sur place.La Méditerranée étouffe sous le plastique

En bref : la mer Méditerranée est l’un des points chauds mondiaux de la pollution plastique. Des centaines de milliers de tonnes de plastique y circulent, depuis les gros déchets visibles sur les plages jusqu’aux micro- et nano-plastiques disséminés dans l’eau, les sédiments et la faune. Ce n’est pas seulement une image choquante : c’est un risque pour les écosystèmes, l’économie locale (tourisme, pêche) et potentiellement la santé humaine. UNEP – UN Environment ProgrammeFrontiers

Pourquoi la Méditerranée concentre autant de plastique ?

La Méditerranée est une mer semi-fermée : les courants et la topographie limitent l’évacuation rapide des déchets vers l’océan Atlantique. Ajoutez-y une densité humaine élevée sur les côtes, un tourisme massif l’été et des pratiques de gestion des déchets inégales selon les pays — et vous obtenez une « trappe à plastique ». Résultat : beaucoup de plastiques restent, se fragmentent et s’accumulent. UNEP – UN Environment Programmeportals.iucn.org

D’où vient ce plastique ?

Les principales sources sont terrestres (déchets urbains mal collectés, rivières, ruissellement), les activités maritimes (engins de pêche perdus, déchets à bord), et les apports saisonniers dus au tourisme. Les plastiques à usage unique — bouteilles, sachets, emballages — représentent une large part des déchets observés sur les plages. UNEP – UN Environment Programme

Comment le plastique se disperse — et pourquoi il est difficile à mesurer

Le plastique existe en plusieurs formes : macroplastiques visibles, microplastiques (≤5 mm) et nanoplastiques — ces derniers sont presque impossibles à suivre avec les méthodes classiques. Les particules flottantes peuvent s’échouer sur les côtes, être remises en suspension, couler en s’encrassant (biofouling) ou être fragmentées en particules de plus en plus fines qui se dispersent verticalement dans la colonne d’eau et s’enfouissent dans les sédiments. Les inventaires de surface sous-estiment donc souvent la masse totale stockée dans le bassin. PMCSpringerOpen

Quels sont les impacts ?

  • Sur la faune : enchevêtrements, ingestion (tortues, oiseaux, poissons) et effets sublétaux (blocage digestif, réduction de la condition physique, transfert de polluants).

  • Sur les écosystèmes benthiques : couverture du fond, transport d’espèces invasives, altération des processus naturels.

  • Socio-économique : pertes pour le tourisme et la pêche, coûts de nettoyage, risque potentiel pour la chaîne alimentaire. FrontiersSpringerOpen

Que fait-on déjà ?

La région méditerranéenne dispose d’un cadre institutionnel régional (Convention de Barcelone / UNEP-MAP) qui multiplie chartes, plans d’action et projets pilotes pour réduire les apports et surveiller la pollution. Des campagnes scientifiques (relevés de plages, prélèvements de surface et de sédiments, projets collaboratifs) améliorent notre connaissance, mais la normalisation des méthodes reste une limite. UNEP

Actions concrètes à mettre en œuvre (priorités pour les décideurs)

  1. Arrêter la source : interdire/réduire les plastiques à usage unique, améliorer la collecte et le tri des déchets, financements pour infrastructures de gestion dans les zones à risque.

  2. Cibler les « hotspots » : concentrer interventions (barrières sur cours d’eau, filets filtrants, nettoyage ciblé) sur les zones identifiées comme points de transit majeurs.

  3. Renforcer la surveillance et la recherche : standardiser les protocoles d’échantillonnage, financer études sur micro/nanoplastiques et effets chroniques, cartographie intégrée (surface, colonne d’eau, sédiments).

  4. Gouvernance régionale : harmoniser règles nationales, contrôler les transferts transfrontaliers de déchets, soutenir la mise en œuvre des plans UNEP-MAP.

  5. Mobilisation citoyenne et secteur privé : campagnes d’éducation, incitations économiques pour l’éco-conception, responsabilité élargie des producteurs. UNEP

Ce que vous pouvez faire en tant que citoyen

  • Éviter les plastiques jetables (bouteilles, sacs, couverts) ; préférer réutilisable.

  • Participer à ou organiser des nettoyages de plage et des actions locales.

  • Exiger des élus des politiques de réduction à la source et d’investissements dans le traitement des déchets.

Conclusion

La Méditerranée n’attend pas : réduire les apports à la source, coordonner les actions au niveau régional et financer la recherche ciblée sont des priorités claires. Intervenir maintenant est non seulement bénéfique pour la biodiversité, mais aussi économiquement rationnel (préserver tourisme et pêche, réduire coûts futurs). Les solutions existent — elles demandent volonté politique, coordination régionale et investissements ciblés. UNEP

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