Comme un surréalisme : Retrouver l’Oubli

Reading Time: 8 minutes

Oubli,mémoire,réminiscence,souvenances - Art Libertaire - Frank César LOVISOLO - Cette série de douze compositions photographiques est un essai sur l’interprétation et la représentation de la distorsion temporelle des souvenirs.L’Oubli :

Phénomène complexe, à la fois psychologique et biologique, normal ou pathologique (dans ce cas, relevant de l’amnésie) qui se traduit par la perte progressive ou immédiate, momentanée ou définitive du souvenir.

[…] est un monstre stupide qui a dévoré trop de générations. Combien de héros à jamais ignorés, parce qu’ils n’ont pas laissé de quoi se faire élever une tombe! Combien de lumières éteintes dans l’histoire, parce que la noblesse a voulu être le seul flambeau et la seule histoire des siècles écoulés!
Quoi qu’il en fût, après neuf ans d’épiscopat et de résidence à Digne, tous ces racontages, sujets de conversation qui occupent dans le premier moment les petites villes et les petites gens, étaient tombés dans un oubli profond
(HugoMisér.,t.1, 1862, p.9)

Une mémoire qui choisit de se taire : une exploration philosophique de ses dimensions ontologiques et psychologiques

L’oubli, loin d’être une simple altération de la mémoire, se révèle comme un phénomène complexe, articulé entre destruction et libération.

À première vue, il peut être perçu comme l’effacement d’un souvenir, une perte d’informations inscrites dans la mémoire individuelle ou collective.

Toutefois, cette vision réductrice omet les fonctions plus subtiles et souvent essentielles de ce processus.

En effet, il peut être interprété comme un mécanisme de survie psychologique, voire une forme de sagesse cognitive. Il ne se limite pas à l’effacement, mais peut constituer une stratégie d’adaptation, un moyen de préserver l’équilibre mental face à des événements traumatiques ou trop lourds à porter.

Dans une société où l’accumulation de données et l’archivage perpétuel sont devenus des impératifs technologiques et culturels, l’oubli retrouve, paradoxalement, un rôle primordial. En un sens, l’oubli permet de dégager de l’espace pour la nouveauté et pour la réinvention, tout en préservant la possibilité de régénération. Là où la mémoire fige, l’oubli fluidifie, rendant la transition entre les différentes phases de l’existence humaine possible.

C’est cette dynamique de rupture et de régénération qui constitue l’une des dimensions fondamentales de l’oubli, notamment dans une époque marquée par une hypermnésie contemporaine.

Cependant, si l’oubli peut être libérateur, il n’en demeure pas moins une source d’angoisse existentielle, car il pose la question de la perte irréversible. Que devient l’individu lorsqu’il cesse de se souvenir de son passé, de ses expériences et de ses choix ?

Si l’oubli est parfois un processus libérateur, il reste aussi un témoignage de notre finitude. Le fait d’oublier, c’est aussi, dans un sens profond, ce que nous renonçons à être ou à savoir. Cette contradiction entre le besoin de se délester et la peur de perdre fait de l’oubli un enjeu ontologique majeur.

Ainsi, l’oubli se présente comme un processus ambivalent, à la fois libérateur et destructeur, salvateur et inquiétant.

La gestion de l’oubli — et de ce qu’il laisse en creux — devient une question cruciale pour la philosophie de la mémoire.

Dans une perspective éthique, il convient d’examiner comment, et pourquoi, il devient nécessaire d’oublier. Car parfois, pour se redéfinir, l’être humain doit savoir laisser partir ce qui, sans être totalement révolu, n’est plus viable pour son épanouissement futur. L’oubli, dans cette optique, est une forme de purification cognitive, une opération de tri entre ce qui est essentiel et ce qui, bien que précieux par le passé, n’a plus de place dans le présent.


L’association des couleurs orange et vert : une analyse chromatique et symbolique

L’association des couleurs orange et vert, en tant que couple chromatique, peut sembler incongrue à première vue en raison de la distance qui les sépare sur le spectre des couleurs. L’orange, une couleur chaude, et le vert, une couleur froide, créent un contraste qui mérite une exploration approfondie tant sur le plan esthétique que symbolique. Cette analyse se penchera sur les aspects historiques, culturels et psychologiques de cette combinaison, en mettant en lumière les forces et les tensions qui la caractérisent.

1. Dimension esthétique et chromatique

D’un point de vue purement chromatique, l’orange et le vert appartiennent à des catégories distinctes dans le cercle des couleurs. L’orange est une couleur secondaire résultant du mélange de rouge et de jaune, tandis que le vert est également une couleur secondaire, issue du mélange du bleu et du jaune. Cette origine commune du jaune, un pigment primaire, pourrait suggérer une forme de complémentarité entre ces deux couleurs, bien que la combinaison des teintes chaudes et froides induise une tension visuelle.

L’orange, en raison de sa vivacité, est une couleur dynamique, chaleureuse et énergique, tandis que le vert, par sa nature plus calme et plus ancrée dans les teintes naturelles (évoquant la végétation et la nature), apporte un certain apaisement visuel. L’association de ces deux couleurs peut donc créer un effet de contraste vif mais équilibré, comme si l’énergie de l’orange était tempérée par la stabilité du vert.

2. Symbolisme et connotations culturelles

Le mariage entre l’orange et le vert n’est pas sans signification dans diverses cultures et contextes. Chacune de ces couleurs porte une symbolique forte, et leur association génère une série d’interprétations multiples, selon les traditions culturelles et historiques.

  • L’orange, en raison de sa proximité avec le rouge, est souvent perçue comme une couleur de l’énergie, de la chaleur et de la convivialité. Elle évoque la lumière du soleil couchant, la chaleur de l’automne, mais aussi des qualités plus dynamiques et stimulantes. Dans de nombreuses cultures, l’orange est associé à la créativité, l’enthousiasme et l’optimisme. Cependant, dans certains contextes, elle peut aussi revêtir des connotations plus ambiguës, liées à l’ostentation ou à une certaine exubérance.

  • Le vert, quant à lui, est traditionnellement lié à la nature, à la croissance, à l’équilibre et à la tranquillité. Il symbolise la fertilité, la régénération et l’harmonie. Dans de nombreuses sociétés, le vert est aussi associé à l’espérance et à la paix, en particulier dans les traditions occidentales et dans les religions comme le christianisme, où il représente l’espoir et la vie éternelle. Le vert peut également évoquer la stabilité et la sécurité, mais, dans un contexte négatif, il peut être perçu comme une couleur d’envie ou de stagnation.

Lorsque ces deux couleurs sont associées, elles peuvent générer une dualité symbolique qui oscille entre énergie et stabilité, mouvement et calme, voire entre la chaleur de la vie humaine (orange) et la froideur de la nature (vert). L’orange peut ainsi être perçu comme une force vitale qui se heurte à la tranquillité de la nature, ou comme une interaction harmonieuse entre le monde naturel et l’activité humaine.

3. Impact psychologique et émotionnel

Les effets psychologiques de l’orange et du vert sont eux aussi contrastés. L’orange est souvent considéré comme une couleur stimulante, qui encourage l’action et la sociabilité. Elle est associée à une humeur joyeuse et optimiste, mais aussi à des émotions de spontanéité et parfois de nervosité. Le vert, de son côté, a un effet apaisant et relaxant sur l’esprit humain. Il est connu pour ses propriétés de réduction du stress et de l’anxiété, et il favorise un état de calme intérieur et de réflexion.

L’interaction entre ces deux couleurs peut donc générer une combinaison complexe d’émotions, allant de l’énergie positive de l’orange à la sérénité du vert. Cet équilibre ou cette tension entre des polarités opposées peut expliquer pourquoi cette association est parfois perçue comme dynamique et stimulante, et parfois comme dissonante, selon le contexte dans lequel elle est utilisée.

4. Utilisation dans le design et l’art

Dans le domaine du design et de l’art, l’association de l’orange et du vert est fréquemment employée pour créer des compositions visuellement intéressantes et équilibrées. L’orange et le vert, en raison de leur contraste élevé, sont des couleurs complémentaires sur le cercle chromatique, ce qui leur confère un pouvoir visuel puissant lorsque utilisées côte à côte. Ce contraste renforce la perception de chaque couleur et attire l’attention sur les éléments clés de la composition.

Cependant, dans certains contextes, cette association peut également poser des défis en termes d’harmonie esthétique, surtout lorsque les teintes sont utilisées dans des proportions égales ou avec une intensité trop forte. Pour parvenir à un équilibre visuel satisfaisant, les designers peuvent jouer sur les variations de saturation, de luminosité et de nuances des couleurs orange et vert, créant ainsi une dynamique subtile qui permet d’atténuer les tensions visuelles.

5. Conclusion

L’association des couleurs orange et vert, loin d’être simplement une juxtaposition de teintes vives, possède une richesse significative qui transcende la simple dimension esthétique. Cette combinaison met en lumière un jeu complexe entre des opposés : l’énergie vibrante de l’orange et la tranquillité naturelle du vert. Tandis que l’orange symbolise la chaleur, l’action et l’enthousiasme, le vert renvoie à la sérénité, à l’équilibre et à la croissance. Cette dualité offre de nombreuses possibilités, tant du point de vue esthétique que symbolique, et s’avère être un terrain fertile pour des explorations visuelles et culturelles. Leur interaction, parfois perçue comme harmonieuse, parfois comme conflictuelle, reflète les tensions inhérentes à l’expérience humaine, entre mouvement et stabilité, activité et repos.


pages ( 2 de 2 ): « Précédent1 2
Lien pour marque-pages : Permaliens.

23 Commentaires

  1. emmanuelle grangé

    je vois un peu mieux ici tes essais d’une même tache (même décor) pour différents points de vue (bateau, bâtiments, arbre). j’ai toujours « un peu de mal » avec le côté commercial de ta recherche. et avec les citations ! Bonnes pensées d’une observatrice plus au calme ici qu’@facebook

  2. Frank Lovisolo-Guillard

    Il n’y plus de citation…
    Quant au côté commercial… Je viens juste de payer mon loyer… Pensées d’un locataire sur Terre!

  3. Ça me plaît, ce questionnement. Qui ne le traverse pas ! Un temps, je notais mes rêves; d’ailleurs plus je les notais, plus j’en fabriquais, plus je rêves, comme pour alimenter la chaîne et faire plaisir au scribe. Notations du matin qui, aussit^to, s’évaporaient dans le cosmos; et quand je les relis-ais, j’y vois un autre auteur, pas moi, même au-delà de l’invraisemblance apparente de la chose rêvée.

    C’est qui ce Fizeau ?
    g

  4. ben, j’aurais dû te demander d’écrire sur Le Passage du temps
    ce sera peut-être pour la 2° version du bouquin

  5. Réflexion inspirée du passage dans ton monde musical et graphique …

    Etablir la distinction entre la Connaissance qui est l’Absolu et la connaissance, simple rapport entre un objet et un sujet, entre quelque chose d’extérieur à l’homme et l’esprit humain, simple phénomène, c’est-à-dire apparence.

    Que retenir ?… Quel équilibre instable que le souvenir ?… Quelle traduction de l’œil à l’esprit et quel cheminement de la pensée aux empreintes chevauchées par le temps ?…

    Il nous faut manger du fruit de l’Arbre de la Connaissance et cheminer vers cette hypothétique et irréelle victoire, pourtant conquête de tous les instants, expression d’une constante volonté affirmée … à n’en,pas douter, une noble ambition … celle de faire vivre en nous la Vérité.

    Ici … il ne s’agit pourtant pas de savoir mais de créer !…

    Bises

    • Merci, Pierre-Yves, pour ce commentaire qui souligne agréablement images et musique. Je suis comblé qu’un article engendre le dessein d’une pensée sur des thèmes essentiels à la sensibilité.
      Tu es une des très rares personnes qui réagissent avec authenticité sur mon travail et c’est infiniment précieux…

  6. « Que devient l’image après la continuation du temps?  » Excellente question. L’image est floue, déformée, parée de couleurs improbables, fugaces, fausses. Rarement nette.

  7. « Que devient l’image de l’instant(le souvenir) après la continuation du temps ? « . L’image est floue, incertaine, déformée, parée de couleurs improbables, fugace. Comme nous le montre Frank. Il faut méditer pour faire venir une image nette comme une photo réaliste du souvenir. Avec un peu d’entraînement, on peut s’offrir une vidéo. Avec un peu plus d’entraînement, on peut sentir le vent, les odeurs, la chaleur ou la fraîcheur. Voir les personnes. les entendre. Non pas comme dans un rêve: c’est une réalité qui est imprimée dans notre esprit. Un fichier si on se réfère au langage informatique. C’est l’aspect computationnel du cerveau.

  8. Merci à toi Frank pour cet art si particulier et inimitable, qui fait rêver et réfléchir.

  9. Oui. Nous avons cet antidote naturel. Les temps sont étranges effectivement. On ne peut pas les ignorer, mais il est absolument nécessaire de leur tourner le dos. Pour ne pas sombrer. C’est certain.

    • Sauver la planète, s’il n’est pas trop tard, est certainement la priorité. Mais quand je lis les nouvelles du monde: points de suspensions.

      • Il n’y a jamais aucune bonne nouvelle en ce moment. C’est bien pour cela que l’art, les pensées positives, la nature, la littérature, la philosophie , la culture sont plus que jamais nécessaires. Sans oublier de prendre soin de soi. Méditation, nutrition, sport,musique, relations gratifiantes…Il ne s’agit plus de tailler sa route mais faire sa bulle.

  10. Distorsion temporelle des souvenirs, aperception (prise de conscience claire), réminiscence ).
    « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,
    Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même » »
    Mémoire filtre filtré, images qui défilent, vert présent, orange, passé à venir. se souvenir du passé dans le présent pour un avenir en couleurs. Le rouge et le vert pour exprimer les terribles passions humaines. Et le bleu ? Hein ? Le bleu ?
    Les couleurs des souvenirs bleuissent-elles ou rougissent-elles avec le temps ?
    Avec Frank, l’artiste protée. Tu lis, tu fais ce que tu veux, mais je te conseillons de regarder le diaporama sur grand écran, et tu planes et tu te souviens…
    Citation:
    « Les souvenirs dormants de la jeunesse éteinte
    S’éveillent sous ses pas d’un sommeil calme et doux ;
    Ils murmurent ensemble ou leur chant ou leur plainte,
    Dont les échos mourants arrivent jusqu’à nous.
    Et ces accents connus nous émeuvent encore.
    Mais à nos yeux bientôt la vision décroît ;
    Comme l’ombre d’Hamlet qui fuit et s’évapore,
    Le spectre disparaît en criant : Souviens-toi ! »
    Louise Ackermann.
    À découvrir sur le site https://www.poesie-francaise.fr/loui…/poeme-le-fantome.php »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.