à l’écoute :
Les Amants du Bunker |
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Hannah, pour le moment, ne distinguait pas grand-chose.On différencie difficilement les murs, la digue et les autres vestiges sous-marins, de ce qu’a, au fil du temps, déposé, la nature. La vie a, depuis toutes ces années, envahi le minéral conjuguant ainsi l’artificiel au naturel. Outre les herbiers de posidonies qui cernaient l’antique port, les plantes, aux couleurs chatoyantes, surpeuplaient les rochers, des algues, vertes et brunes, ondulaient au gré des vagues et du courant abritant une faune tout aussi multicolore. Des oursins noirs ou violets, les anémones bariolées, beaucoup de triptérygions nains si vermeils qu’on les aurait crus peints ce matin. Un peu plus avant, blotti entre deux formidables galets, un poulpe presque familier, avec un tentacule, lui fit une révérence quand elle avança sa main. Il ceignit en douceur son index puis, tout d’un coup, s’éloigna vers le large lâchant un nuage d’encre noire. Agissant ainsi, il refusait résolument une probable invitation à diner ou, bien entendu, il serait, entouré d’ail, d’herbes aromatiques et de safran. Il se trouvait bien assez rouge comme ça ! Des étoiles de mer, aussi orange que le fruit, ponctuaient ce mystérieux firmament où se déplaçaient, en banc, d’innombrables saupes qui reflétaient les rayons de soleil. Extrait, « Les Amants du Bunker » – Roman en cours d’écriture. |
Un petit voyage, dans l’empire Romain et la Grèce antique, pas très loin de la maison : impact carbone ridicule ! 17 km par une route agréable qui longe la côte.
Il y a en face du site archéologique d’Olbia à Hyères les vestiges d’un port, l’unique témoin, conservé dans l’intégralité de son plan, d’un réseau de colonies-forteresses grecques, fondées par Marseille à partir du IVe siècle av. J.-C. Il fut ensuite occupé par les Romains puis par une abbaye au Moyen Âge. Depuis le milieu du XIXe siècle, des chantiers de fouilles successifs ont mis au jour habitats, sanctuaires, ruelles pavées, thermes…
Des palmes, un masque et une combinaison, plus pour la protection que le froid. Les rochers sont un tantinet coquins et recouverts de coquillages comme les« arapèdes» nommés patelles sur la côte Atlantique et plus précisément berniques en Bretagne. Leur forme conique se termine un peu rudement. Si l’on n’y prend pas garde : entailles, taillades, meurtrissures, plaies, lésions et autres ecchymoses sont le lot du pugnace photographe sous-marin culbuté par les vagues, faute de sirènes, sur l’écueil polisson ! Les oursins sont inoffensifs, les pieds protégés par les palmes, mais il reste le cuisant problème des méduses joliment violettes, mais très urticantes. Une combinaison même légère protège assez bien de tous ces petits tracas aquatiques ! Enfant, il n’était pas rare que mes pieds soient constellés d’épines d’oursins, les genoux et jambes décorés d’écorchures, signes d’une journée à la plage bien remplie ! Ça, c’est du préambule! Dis-je en ricanant ! ( j’adore ricaner ça agace les moralisateurs et autres parpaillots !) Au début, on ne voit pas grand-chose, on discerne mal les murs, la digue et les autres vestiges sous-marins.
Peu à peu, la vision s’affine. Les vestiges du port, enfin, percent la grande bleue.
On décèle un étrange rocher, il s’agit plutôt d’une pierre de taille: les angles sont trop précis pour avoir été façonnés par le royaume de Neptune.
Puis la jetée s’affirme, elle est encore rectiligne malgré les années.
Sans aucun doute, le niveau de la mer était bien plus bas.
Je raffole de ces vestiges d’un autre temps. Sous la mer existe une autre dimension. Celle des périodes maritimes, des marées à très longue échéance : ces flux et reflux qui sont liés aux épisodes géologiques climatiques. Les mouvements tectoniques et l’érosion façonnent le paysage.
Les humains posent, ici et là, leurs maisons et ce qui leur est utile pour vivre puis s’évanouissent, partent s’installer ailleurs. De temps en temps, un volcan fait disparaître des villes comme Pompéi, Herculanum ou une civilisation comme à Knossos en Crète la civilisation minoenne. Tous ces vestiges nous content l’histoire de l’humanité.
C’est un plaisir sans pareil que de s’immerger pour cette visite. Malgré l’abondance d’algues vertes qui ne facilitent pas les prises de vue et verdissent l’eau à loisir, je vous fais partager ce petit périple avec quelques photographies et vidéos !
Peut-être, cela vous donnera l’envie d’y faire un séjour aquatique !
Bien évidemment, il vous faudra respecter le lieu: on ne peut impunément déplacer les pierres ou bousculer les rochers qui reposent paisiblement ici depuis plusieurs siècles. On se doit de laisser vivre en paix les habitants du lieu. ( Sardine, blade, bogue, castagnole, dorade, saran, dorade, saupe, triptérygion nain, chapon, pagre, girelle, gobie, loup, coquette, marbré, rascasses, mérou, galinette, poulpe, étoile de mer, crabe, anchois pour ne citer qu’eux ! voir http://www.marseille-sympa.com/poissons.html et le site https://doris.ffessm.fr/ )
Avec un peu de patience et de calme, on peut approcher la «Girelle Paon» et quelques poissons qui sont moins farouches qu’il n’y parait.
Je vous donnerai bien la recette d’une excellente soupe de poisson, mais ce ne serait pas sérieux et pourrait contrarier quelques mauvais coucheurs dont l’humour se fait désirer !
Quant à l’historique du lieu, je vous laisse avec Jean Paul Clébert qui en parlera bien mieux que moi.
J’espère dans un prochain article vous faire profiter pareillement et photographiquement du site d’Olbia-Pomponiana, celui-là, plus au sec !
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Olbia |
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HYERES ET OLBIA-POMPONIANAOn quitte ici le Massif des Maures et ses reliefs abrupts qui coinçait littéralement la voie littorale entre la mer et les rochers. Avec le grand complexe gallo-romain d’Hyères, nous retrouvons les grands ensembles des villes et des chantiers navals. A l’ouest de la presqu’île, le même Etienne de Byzance cite Olbia « la Bienheureuse » dont la localisation a fait couler beaucoup d’encre. En 1844, Méry écrivait d’Hyères à Alexandre Dumas : «on vient m’annoncer qu’on avait trouvé une ville en cherchant des champignons ». Il s’agissait de quais, de thermes, de fourneaux, des murs et du sommet d’un temple. Quand en 1909, on mit au jour une statue en marbre, mutilée, mais dont l’inscription était intacte, dédiée au Génie local du castellum, l’Olbien Rupilus lacchus, on fut persuadé d’avoir retrouvé l’antique Olbia, mais on voulut en même temps l’identifier avec une autre ville perdue ici, Pomponiana. En fait, le comptoir grec d’Olbia fut englobé à l’époque romaine dans une ville plus importante, Pomponiana. Bien avant l’existence d’Hyères, Olbia-Pompaniana occupait la rive ouest de la presqu’île, au lieu dit l’Almanarre, au bord des salines. La cité occupait une éminence suffisante qu’alimentait une source abondante, et tenait à sa disposition un petit port situé à l’est, abrité lui aussi des vents orientaux et qui maintenant est atterri. Elle était construite régulièrement, en quadrilatère de quelque 150 mètres de côté avec les deux voies axiales classiques qui se croisaient en son centre. Les fouilles menées encore par J. Coupryont permis de mettre au jour non seulement la ville grecque du 1er siècle av. J.-C. mais son niveau romain. Parmi les découvertes les plus spectaculaires, citons ce phallus apotropaïque ornant la porte en grand appareil qui ouvrait sur le port et protégeait la ville, comme à Ampurias. En réalité, le nom de Stoechades qui désigne primitivement les îles d’Hyères, fut étendu à toutes les dépendance insulaires des Marseillais, Massilienses insu-las, jusqu’au cap d’Antibes (archipels du Frioul, de Marseille veyre et de Lérins). Ce qui rend la tâche difficile aux lecteurs des historiens anciens racontant par exemple comment les Argonautes, perdus dans la mer de Sardaigne, furent conduits par les Dioscures jusqu’aux Stoechades. M. Clerc a montré que l’identification des Stoechades avec les îles d’Hyères était justement confirmée par la présence dans ces îles -et son absence dans les iles du Frioul -de cette espèce particulière de lavande, lavandula stoechas L., plante médicinale connue de Dioscoride. A ce nom de lavandula, on peut peut-être rattacher celui du Lavandou. On en faisait un vin parfumé, sorte d’eau-de-vie. Sur l’île de Porquerolles, au cap des Mèdes, un « village maure » a été reconnu comme gallo-romain et fouillé par A. Hesse: « Le plan révèle un ensemble de six habitations quadrangulaires, dont deux subdivisées par un mur transversal en deux chambres communiquaient par une porte… Toutes ces maisons possèdent une entrée de construction assez soignée, sans orientation remarquable.» Situé sur une éminence exceptionnelle en ces lieux, le village était défendu de remparts importants…. |
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Extrait : Jean Paul Clébert – Provence antique 2 : l’époque gallo-romaine, 1970 Laffont – Pages 118-119 né le 23 février 1926 à Neuilly-sur-Seine et mort le 21 septembre 2011 à Oppède, est un écrivain français. Il a vécu à Bonnieux et à Oppède au pied du massif du Luberon, à partir de 1956. (1966 : Provence antique, 1 : des origines a la conquête romaine, Laffont ) |
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Ville grecque et phare arabeA l’Almanarre, près d’Hyères-Plage, les archéologues ont dégagé les vestiges de la colonie massaliote d’Olbia, dont vouspourrez voir l’enceinte quadrangulaire, d’un périmètre de 600 m, mise au jour progressivement depuis la fin de la guerre. A cette Olbia grecque, succéda une colonie romaine du nom de Pomponiana, dont les thermes ont été en partie retrouvés
et dont le port, aujourd’hui englouti, fait l’objet d’explorations sous-marines.
Ce nom d’Almanarre est arabe et désigne un phare ou un poste de guet.
On a, du reste, trouvé à l’Almanarre des poteries sarrasines, attestant que ce site a bien été occupé par les Barbaresques, ce qui est assez rare en Provence, où la présence arabe est souvent légendaire.
Guide de la Provence Mystérieuse – Edition 1965 – Page 227 – Direction : René Alleau, Recherche : Jean Paul Clébert Les Guides Noirs – Claude Tchou éditeur |
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Le souleaugraphe se dilue t il dans le pastis (et après combien de doses ?-)
Pas dans le pastis, dans le Paestum et là, très vite !
Merveilleux voyage dans le temps. Passionnée d’archéologie, je regrette de n’avoir pas pris le temps d’explorer ces sites si proches. C’est un plaisir de les découvrir en musique.
Une visite virtuelle, bien plus au sec !!!