Math Art : Séries 1, 2 & 3

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À propos de ce professeur de mathématique.

 

Je me souviendrai toujours de ce crétin que j’ai eu lors de mon année de troisième au collège de La Crau dans le département du Var…

La blouse éternellement grise et triste recouvrant un genou contenu dans un pantalon crasseux, les cheveux gras empreints, tel un graphique huileux, de la trace du peigne à larges dents et, dessous, deux petits yeux, sombres, sournois souvent escamotés par de vilaines lunettes aux branches crasseuses, jaunies et plusieurs fois redressées…
C’est ce qu’il me reste de l’apparence de cette chose hideuse qui devait nous enseigner l’art subtil des mathématiques.

Un sadique, un pervers, un haineux ; mathématiquement négatif, infiniment proche de zéro.

Sa passion érectile pour la dévalorisation des « mauvais » élèves l’avait finalement dépouillé du peu de compétence et d’humanité dont il devait être, à la naissance, pourvu.

Notons, pour lui rendre justice, qu’il était doté d’un humour sordide, avachi et visqueux qu’il adorait répandre, éructant sa grossièreté sur un apprenant ou une apprenante pris en défaut.
Seuls ses thuriféraires craurois, allergiques aux étrangers, comme à la parade, bien alignés au premier rang, savouraient le spectacle navrant de ses maths, et j’écris bien « ses », maths, car il en avait fait un catéchisme interprété tel le Malleus Maleficarum.

Comme dans toutes les religions, l’intolérance demeurait la norme et toutes les formes d’intelligences sévèrement réprimées, l’imagination réduite à une consanguinité intellectuelle provinciale et ravageuse : la bouse et la blouse !
Quand on hait, on ne compte pas !

Son plaisir était l’ennemi à détruire. Tout, dans son « enseignement » et, permettez-moi d’esquisser un sourire, n’était que châtiments et pénitences comme l’autorise la faiblesse de l’esprit.

Cette chose dégoulinante était persuadée qu’humiliations et tourments auraient, par la force, mathématisé les collégiens : mais quel imbécile !

Aucune créativité !
Elle aurait courbé la platitude de son esprit  ridiculement étriqué et absurdement cartésien.
Cartésien… Ce mot, dans sa bouche, devenait, illico, une insulte à René !
Le portrait du bonhomme n’est pas flatteur alors, me direz-vous, pourquoi le remercier ?
Car heureusement qu’avec lui, il n’y avait réellement rien à apprendre des mathématiques, elles situent dans une autre dimension, celle de l’abstraction et il n’en avait pas la clef.

 

Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon cœur, comme une onde rafraîchissante.

ISIDORE DUCASSE, DIT LE COMTE DE LAUTRÉAMONT  les Chants de Maldoror (Montevideo 1846-Paris 1870)

 

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7 Commentaires

  1. Putaing que c’est beau ces courbes célestes qui chantent l’univers – et les hommes avec, quand ils chantent aussi.

    Ton prof, mais je l’ai eu aussi, ou son frère. Mes premières, et seules, envies de meurtre ! Il s’appelait « Piquet » et ça disait l’essentiel du personnage. Je souhaite encore sa mort, moi qui suis contre la peine de mort. T’as qu’à voir.

    Mais oublions les affreux, préférons l’harmonie !

    • Frank Lovisolo-Guillard

      Merci Gérard !
      A propos du personnage.
      Brel L’a chanté dans  » Ces genslà  »

      Deuxième couplet :

      Et puis, il y a l’autre
      Des carottes dans les cheveux
      Qu’a jamais vu un peigne
      Qu’est méchant comme une teigne
      Même qu’il donnerait sa chemise
      A des pauvres gens heureux
      Qui a marié la Denise
      Une fille de la ville
      Enfin d’une autre ville
      Et que c’est pas fini
      Qui fait ses petites affaires
      Avec son petit chapeau
      Avec son petit manteau
      Avec sa petite auto
      Qu’aimerait bien avoir l’air
      Mais qui n’a pas l’air du tout
      Faut pas jouer les riches
      Quand on n’a pas le sou
      Faut vous dire Monsieur
      Que chez ces gens-là
      On ne vit pas Monsieur
      On ne vit pas on triche…

      ECOUTER

  2. Superbe tes courbes ! Merci à ton prof !
    Pierre

  3. Magnifique… excellent choix de musique répétitive..Bravo !

  4. Jenny Quadri Guillard

    J’ai connu ce monsieur tel que tu le décris. Il était malheureusement très respecté voyons, c’était un prof de math ! intouchable et ce n’était pas le seul je pourrais en citer d’autres…..

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