Musique : No One’s Dancing |
Lucia Moholyest née Lucia Schulz (18 janvier 1894, Prague – 17 mai 1989, Zurich) est une photographe originaire de République Tchèque. |
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Si deux, dont un à l’Estragon, espèrent sous un arbre automnal l’improbable Godot, j’attends, derechef, Tina Modotti.
Rassurez-vous, je n’en perdrai pas mon pantalon pour autant !
En conséquence, ce sera avec la photographe Lucia Schulz Moholy qu’il me faudra attendre Tina!
Ce ne sera pas désagréable!
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En 1912, Lucia Schulz obtint son diplôme de professeur d’allemand et d’anglais et entre à l’université pour étudier l’histoire de l’art et la philosophie à Prague. Ensuite elle se dirigera vers l’édition de 1915 à 1918 ce qui lui permettra de travailler en Allemagne pour plusieurs maisons d’édition, dont Hyperion et Kurt Wolff à Berlin. En 1919, sous le pseudonyme d’Ulrich Steffen, elle publie une littérature expressionniste. En 1920, elle devient rédactrice en chef de la maison d’édition Rowohlt à Berlin.
C’est dans cette ville qu’elle rencontre et épouse en 1920 László Moholy-Nagy, qui deviendra un maître du Bauhaus. Tous deux travaillerons dans le domaine de la photographie expérimentale. László Moholy-Nagy, son mari devient maître enseignant au Bauhaus en 1923, avec Lucia, son épouse, comme technicienne principale de la chambre noire et principale collaboratrice. Elle est également apprentie photographe au studio d’Otto Eckner au sein du Bauhaus. Devenue une photographe de talent elle archive, photographiquement, l’intérieur et à l’extérieur de l’architecture du Bauhaus, ses installations à Weimar et Dessau ainsi que les étudiants et les enseignants qui y travaillent. Son esthétique fait partie de la « Neue Sachlichkeit » ( New Objectivity) mouvement qui se concentre sur la simplicité. Les photographies de Lucia dans le Bauhaus ont contribué à la construction de l’identité de l’école et à la création de son image. |
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Parallèlement, Lucia Moholy et son mari ont expérimenté différents processus dans la chambre noire, tels que la fabrication de photogrammes. Curieusement, la plupart des publications et toutes les expérimentations du couple étaient attribuées au mari, comme le livre Malerei, Photografie, Film (1925 ; Peinture, Photographie, Film ) qui a été publié uniquement sous le nom de László Moholy-Nagy. En 1929, le couple se sépare, on se demande bien pourquoi : – ) !
La même année, Lucia Moholy a participé à l’exposition historique de Stuttgart, « Film and Foto ». Il présentait au public des artistes travaillant dans le courant du « Précisionnisme », un mouvement artistique apparu au début des années 1920 aux États-Unis.
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Création d’un photogramme : Une source lumineuse (1) illumine les objets (2 et 3) qui sont placés directement sur une surface photosensible. Selon la distance des objets au film, leur ombre est plus nette (7) ou plus diffuse (5). Les parties du film qui sont dans l’ombre (6) restent blanches; elles deviennent grises si les objets sont transparents ou translucides; les parties entièrement exposées (4) sont noircies. |
Lucia Moholy a, ensuite, enseigné la photographie dans une école d’art privée de Berlin dirigée par Johannes Itten. Lucia a également publié un livre, Cent ans de photographie, 1839-1939 , écrit en anglais, qui traite en profondeur de l’histoire de la discipline. Elle a dirigé une création de microfilms basée à la London Science Museum Library pour le compte de l’Association des bibliothèques spécialisées et des bureaux d’information réduisant ainsi le volume de stockage des documents.
De 1946 à 1957, immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, elle se rendit au Proche et au Moyen-Orient pour des projets pour l’ UNESCO où elle réalisa des techniques de reproduction photographique de matériel graphique et réalisa des films documentaires.
Moholy a déménagé en 1959 à Zollikon, en Suisse où elle a écrit sur son temps passé au Bauhaus puis s’est consacrée à la critique d’art.
En 1972, elle publia «Moholy-Nagy» ouvrage dans lequel elle décrit sa collaboration avec László Moholy-Nagy au Bauhaus et tente ainsi de récupérer son crédit artistique.
En effet, Lucia Moholy a eu du mal à obtenir la reconnaissance de son travail. Pourtant, ses images étaient largement utilisées pour le marketing, dans les catalogues de vente de l’école Bauhaus, ainsi que dans les livres publiés par et pour le Bauhaus.
En 1933, Lucia Moholy fréquentait un membre communiste du Parlement qui fut arrêté dans son appartement un jour qu’elle était absente. Elle a fui à Prague et elle s’est ensuite établie en Suisse, en Autriche, à Paris et c’est finalement à Londres.
Elle a tout laissé à Berlin, y compris les lourds négatifs sur verre de ses photographies du Bauhaus qui se sont retrouvées entre les mains de Walter Gropius.
Alors qu’elle résidait à Londres, un nouvel engouement pour le Bauhaus s’est affirmé. Elle a vu de nombreux catalogues du Bauhaus imprimés avec ses photos.
Walter Gropius ( «le saligaud» N.D.A) les utilisait sans son accord, sans la nommer et, bien évidement, sans la rétribuer.
Dans une exposition sur le Bauhaus au Musée d’art moderne (MOMA) en 1938, Gropius utilisa près de 50 images de Moholy pour l’exposition et le catalogue qui l’accompagnait sans la créditer une seule fois.
Elle a, à plusieurs reprises, demandé à Gropius de lui rendre ses négatifs et comme il refusait, elle a eu recours à un avocat pour tenter de récupérer son travail.
Certaines lettres pertinentes entre Walter Gropius et Lucia Moholy sont en ligne sur le site Web 99% Invisible .
Lucia Moholy n’a obtenu la récupération de ses négatifs que dans les années 1960 et n’a pu qu’en récupérer qu’une partie…
Quelques zones d’ombre dans la Bauhaus ???
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