Périple en Occitanie depuis Lo Camin de la Fe – Août 2025

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Lo Camin de la Fe – Lo Camin de la Fe
à l’écoute : Flâneries
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Depuis Lo Camin de la Fe, jusqu’à Saussines et retour par le canal Philippe Lamour

Périple photographique

Lo Camin de la Fe,Saussines,canal Philippe Lamour - Photographies - Frank César LOVISOLO - Depuis Lo Camin de la Fe, jusqu'à Saussines et retour par le canal Philippe Lamour... Périple photographique
Lo Camin de la Fe,Saussines,canal Philippe Lamour - Photographies - Frank César LOVISOLO - Depuis Lo Camin de la Fe, jusqu'à Saussines et retour par le canal Philippe Lamour... Périple photographique

Lo camin de le Fe

De sel, de pierre et d’aiga… (d’eau)

L’aube se lève sur l’Étang de l’Or comme un rideau qu’on tire lentement.

La lutz (la lumière) glisse sur l’onde, douce et pâle, caressant les roseaux qui se penchent pour l’accueillir.
L’air sent le sel et la mer, et dans le lointain, los flamencs (les flamants) tracent de larges cercles, silhouettes roses au-dessus des miroirs d’eau.
Les chevaux blancs, eux, sont stagnants, figés dans la brume comme s’ils attendaient un signe invisible.
Ici, tout n’est qu’eau et vent.
L’aiga (l’eau) clapote à peine contre les berges, les digues contiennent les caprices de la mer comme on retient un souvenir.
Le silence est ponctué par les cris lointains d’un héron ou d’une aigrelette, puis à nouveau, rien que l’ample respiration des marais.
Je préfère visiter tôt, lo sac leugier, mas l’arma dubèrta (le sac léger, mais l’âme ouverte)…
Je roule… Bénis soient les véhicules équipés d’un large pare-brise !

Les premiers kilomètres me portent hors du domaine maritime, vers l’intérieur des terres.
Peu à peu, les vignes prennent possession du paysage.
Les ceps, tordus comme des mains de vieillard, ploient sous le poids des grappes. Aquí, lo vin es pas sonque una bevenda, es una memòria (Ici, le vin n’est pas seulement une boisson, c’est une mémoire).
Les rangées s’étendent à perte de vue, comme un chapelet que le vent égrène.

Lo Camin de la Fe,Saussines,canal Philippe Lamour - Photographies - Frank César LOVISOLO - Depuis Lo Camin de la Fe, jusqu'à Saussines et retour par le canal Philippe Lamour... Périple photographique

Saussines

Saussines apparaît, blottie derrière ses murs, couleur de miel.
Les ruelles sont étroites et gardent la chaleur des siècles. Aux fenêtres, des volets bleu tendre laissent passer l’ombre des lauriers.
Les cloches de l’église sonnent midi, et las cigalas (les cigales), fidèles prêtresses de l’été, entament leur rituel sonore.

Je m’assois à l’ombre d’un platane, une fougasse aux olives dans la main.
L’òli (l’huile), doré comme le soleil, imprègne le pain d’un parfum qui semble être celui même de cette terre. Ici, les conversations sont basses, rythmées par l’accent traînant qui chante encore la langue d’oc.

En quittant Saussines, je longe des murets de pierres sèches.
Le chemin, bordé de fenouil sauvage et de figuiers, ondule comme une ligne tracée par un berger distrait.
Par moments, un souffle apporte des odeurs de thym et de romarin, souvenirs de collines invisibles.

Puis, Lunel-Viel se dessine à l’horizon.
Lo campanal (le clocher), haut et fier, annonce le village bien avant que l’on atteigne ses ruelles. Les façades, usées par le vent, portent la patine des générations passées.
Je traverse la place où les anciens jouent encore aux cartes, le verre de pastis à portée de main.
Ici, chaque pierre connaît le nom des vents : lo mestral (le mistral), lo marin (le marin), la tramontana (la tramontane).

Au-delà, la route s’ouvre vers un dernier lieu : le canal Philippe Lamour. Long ruban d’eau disciplinée, il glisse silencieusement entre les champs.
Les arbres s’y penchent comme pour écouter son murmure. Parfois, un poisson trouble la surface, puis tout redevient calme. Aqueste canal es una vena (ce canal est une veine), une artère qui porte la vie aux terres sèches.

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Canal Philippe Lamour

Le soleil décline, et l’eau se teinte de cuivre. Assis sur la berge en béton, je regarde les reflets danser. Ce que j’ai traversé se mêle ici : le goût salé de la petite Camargue, la pierre douce de Saussines, le cœur tranquille de Lunel-Viel, et cette eau apprivoisée qui les relie tous.

Dans le silence du soir, les premières étoiles se lèvent.
Lo viatge es pas sonque un camin, es una lenga, una lutz, una memòria (Le voyage n’est pas seulement un chemin, c’est une langue, une lumière, une mémoire).
Et je comprends que dans cette terre occitane, chaque souffle de vent, chaque goutte d’eau, chaque mot chuchoté en patois est un fil qui relie les vivants aux siècles passés.

(FLG-2005-2025 l’art de rattraper 20 ans de retard)

Lo Camin de la Fe

Lo Camin de le Fe

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