Gênes (Genova) : histoire…
C’est l’une des grandes cités maritimes de la Méditerranée, possède une histoire riche et profondément liée à la mer.
Située au cœur de la Ligurie, entre montagnes abruptes et littoral escarpé, la ville s’est développée dès l’Antiquité comme un port naturel stratégique. Les premières traces d’occupation remontent aux peuples ligures, auxquels succèdent les Grecs puis les Romains. Sous Rome, Gênes devient un centre commercial important, même si elle reste éclipsée par des villes voisines comme Pise ou Milan.
Après la chute de l’Empire romain, la ville subit les incursions barbares et les raids sarrasins, mais sa position géographique lui permet progressivement de ressurgir comme place forte. Dès le début du Moyen Âge, elle forme, avec Pise et Venise, un triangle de puissances maritimes en compétition constante. Les VIIIᵉ et IXᵉ siècles la voient se réorganiser autour d’institutions communales naissantes, qui annoncent l’âge d’or de la cité.
Au XIᵉ siècle, Gênes entre dans une phase d’expansion spectaculaire. Les croisades jouent un rôle déterminant : en fournissant des navires et des combattants, la ville obtient des privilèges commerciaux au Proche-Orient et en Méditerranée orientale. Les Génois établissent alors des colonies et comptoirs en Syrie, en Palestine, en Crète, à Chypre, en mer Noire et jusqu’en Crimée. Cette expansion économique s’accompagne d’une rivalité féroce avec Pise, qui culmine en 1284 lors de la bataille de la Meloria. La victoire génoise élimine pratiquement Pise comme puissance maritime.
Du XIIIᵉ au XIVᵉ siècle, la République de Gênes atteint son apogée. Sa flotte domine la Méditerranée occidentale, son influence s’étend jusqu’aux ports catalans et nord-africains, et ses marchands gèrent un vaste réseau commercial. Cependant, la puissance génoise repose sur un équilibre fragile entre grandes familles, dont les Doria, Spinola, Grimaldi et Fieschi. Le système politique est souvent déstabilisé par des luttes internes entre factions guelfes (pro-papales) et gibelins (pro-impériales).
Au XVᵉ siècle, Gênes entre en déclin. Venise prend l’avantage dans l’est de la Méditerranée, et les possessions génoises en mer Noire sont perdues après la conquête ottomane de Constantinople en 1453. La ville tombe sous l’influence alternée des Français et des Milanais. C’est alors que se distingue la figure d’Andrea Doria, amiral et homme d’État. En 1528, il réforme la République, lui redonne une stabilité politique et la place dans l’orbite de l’Empire des Habsbourg. Commence alors une période prospère, où les banquiers génois financent l’expansion espagnole, notamment en Amérique. Gênes devient l’une des capitales financières de l’Europe moderne.
Aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, la cité subit un lent déclin. Sa puissance commerciale s’effrite, son oligarchie se rigidifie et les conflits européens l’affectent directement. En 1684, la flotte française bombarde Gênes, qui doit finalement se soumettre. La République survit néanmoins jusqu’à l’arrivée de Napoléon, qui en 1805 annexe la ville au Royaume de Sardaigne.
Le XIXᵉ siècle marque un renouveau avec l’industrialisation. Gênes devient l’un des centres économiques du nouvel État italien unifié en 1861, notamment grâce à son port modernisé, vital pour l’émigration vers l’Amérique. Au XXᵉ siècle, la ville joue un rôle majeur dans la Résistance contre le fascisme. Après la Seconde Guerre mondiale, son port reste l’un des plus actifs d’Italie malgré les crises industrielles.
Aujourd’hui, Gênes conjugue héritage médiéval, architecture baroque et dynamisme portuaire. Son centre historique, l’un des plus vastes d’Europe, et les somptueux palais des “Rolli” témoignent de la grandeur de la République génoise, autrefois maîtresse de la mer.
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