à l’écoute :
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Le principe demeure simple !Passager d’une automobile ou d’un train, il suffit, quand le paysage s’y prête, de le photographier.
C’est très amusant. Et il nous faut jouer en ces temps troublés.
L’art devient ainsi un terrain de jeu, une clairière positive dont il faut jouir et faire jouir*.
*Pour ce mot, il me semble qu’un retour au dictionnaire soit indispensable quant à l’appauvrissement de la langue française et de ses subtilités.
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17 juillet 2022 – Entre Nîmes & Marignane.Les photographies furent prises à travers la vitre du wagon.
Conséquemment, il demeure quelques reflets, tâches et différentes imperfections qu’il aurait été dommage de supprimer quant au concept de cette série.
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Manifeste dada 1918 :Une œuvre d’art n’est jamais belle, par décret, objectivement, pour tous.
La critique est donc inutile, elle n’existe que subjectivement, pour chacun, et sans le moindre caractère de généralité.
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31 juillet & 12 Aout 2022 – Entre Marseille & NîmesDe 51 à 66 : en attendant – Gare de Nîmes, ensuite en roulant !
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Paysages
La Première Épreuve de photographie aérostatique.(Paysages en volant !)
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(Extrait) « Jamais rien n’égalera ce moment d’hilarité qui s’empara de mon existence. Lorsque je sentis que je fuyais la terre, ce n’était pas du plaisir, c’était du bonheur. Échappé aux affreux tourments de la persécution et de la calomnie, je sentis que je répondais à tout en m’élevant au-dessus de tout. À ce sentiment moral succéda bientôt une sensation plus vive encore : au-dessus de nous un ciel sans nuages ; dans le lointain l’aspect le plus délicieux… “Ô mon ami, disais-je à M. Robert, quel est notre bonheur ! … Que ne puis-je tenir ici le dernier de nos détracteurs et lui dire : Regarde, malheureux ! …” En ces termes émus s’exprime après son ascension initiale, le physicien Charles, le premier, avec son compagnon Robert, que le gaz hydrogène enleva dans les airs. Et à jamais pour tous ceux qui montèrent après Charles comme pour tous ceux qui monteront encore dans la nacelle d’un aérostat, invariablement, morale ou physique, la prestigieuse impression restera la même. Libre, calme, comme aspiré par les immensités silencieuses de l’espace hospitalier, bienfaisant, où nulle force humaine, nulle puissance de mal ne peut l’atteindre, il semble que l’homme se sente là vivre réellement pour la première fois, jouissant dans une plénitude jusqu’alors inconnue de tout le bien-être de sa santé d’âme et de corps. Enfin il respire, dégagé de tous liens avec cette humanité qui achève de disparaître à ses yeux, si petite en ses plus grandes œuvres travaux de géants, labeurs de fourmis, par les luttes et les meurtriers déchirements de son antagonisme imbécile. Comme le laps des temps écoulés, l’altitude qui l’éloigne réduit toutes choses à leurs proportions relatives, à la Vérité. En cette sérénité surhumaine, le spasme de l’ineffable transport dégage l’âme de la matière qui s’oublie comme si elle n’existait plus, volatilisée elle-même en essence plus pure. Tout est loin, soucis, amertumes, dégoûts. Comme tombent bien de là-haut l’indifférence, le dédain, l’oubli et aussi le pardon… Mais une autre extase nous rappelle vers l’admirable spectacle offert à nos regards charmés. Les champs en damiers irréguliers ont l’air de ces “couvertes” en pièces multicolores, mais harmoniques rapportées par l’aiguille patiente de la ménagère. Il semble qu’une inépuisable boîte à joujoux vient d’être répandue profuse par cette terre, la terre que Swift nous découvrit vers Lilliput, comme si toutes les fabriques de Karlsruhe avaient vidé là leur stock. Joujoux ces petites maisons aux toits rouges ou ardoisés, joujoux dans cette église, cette prison, cette citadelle, les trois habitacles où se résume toute notre civilisation présente. Joujou bien plus encore ce soupçon de chemin de fer qui nous envoie de tout en bas son aigre petit cri de sifflet comme pour forcer notre attention, et qui tout mignon file si lentement, pourtant avec ses quinze lieues à l’heure, sur son rail invisible, panaché de sa petite aigrette de fumée. . . Et qu’est cet autre flocon blanchâtre que j’aperçois là-bas flottant par l’espace : la fumée d’un cigare ? Non, un nuage. C’est bien en effet le planisphère, car nulle perception des différences
La rivière coule au niveau du sommet de la montagne ; pas de disparité perceptible entre les champs de luzerne également arasés avec les hautes futaies des chênes séculaires. Et quelle pureté de lignes, quelle extraordinaire netteté d’aspect par les exiguïtés de ce microcosme où tout nous apparaît avec l’exquise impression d’une merveilleuse, ravissante propreté ! Pas de scories ni de bavures. Il n’est tel que l’éloignement pour échapper à toutes les laideurs… L’invitation à l’objectif était là plus que formelle, impérative, et, si intense que fût notre absorption poussée jusqu’au vague du rêve, en vérité il eût fallu n’avoir jamais entrouvert la porte d’un laboratoire pour que nous ne fussions aussitôt traversés de la pensée de photographier ces merveilles. Et comme le hasard voulut que je fusse apparemment le premier –
NADAR :
Quand j’étais photographe Publiées en 1900 alors qu’il a 80 ans, ces “mémoires” regroupent 14 textes parus auparavant dans la revue Paris-Photographe. Nadar y raconte ses aventures photographiques dans les catacombes ou en ballon. (pages 93 à 95 – Editions ‘A PROPOS 2017 ) |
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