à l’écoute :
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Ce texte qu’il m’estoit venu à l’esprit lors de l’ouverture du capot moteur de l’automobile.– « À l’ouverture de la boîte, je trouvai dedans un je ne sais quoi de métal quasi tout semblable à nos horloges, plein d’un nombre infini de petits ressorts et de machines imperceptibles. C’est un livre à la vérité, mais c’est un livre miraculeux qui n’a ni feuillets ni caractères; enfin c’est un livre où, pour apprendre, les yeux sont inutiles; on n’a besoin que d’oreilles. Quand quelqu’un donc souhaite lire, il bande, avec une grande quantité de toutes sortes de clefs, cette machine, puis il tourne l’aiguille sur le chapitre qu’il désire écouter, et au même temps il sort de cette noix comme de la bouche d’un homme, ou d’un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, entre les grands lunaires, à l’expression du langage. » Savinien de Cyrano de Bergerac – Histoire comique des États et Empires de la Lune (1657) – Edition Originale 1657 |
Photographies empreintes de ce courant futuriste, maintenant, révélé.– Artopsie du moteur des Les Étincelles du Djebel |
Réflexion artistico-mécanistique:Œuvres des futuristes italiens et quelques textes qu’il me plait de partager. |
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«Nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l’haleine explosive… Une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace.» –
Filippo Tommaso Marinetti, « Manifeste du futurisme » (20 février 1909). – Curieusement, Filippo Tommaso Marinetti soutient le régime fasciste de Mussolini, régime qui critique vivement le Futurisme considéré, alors, comme un art dégénéré. Il est l’époux de Benedetta Cappa, surnommée Beny. Elle est née le à Rome et décède le à Venise. Elle est une peintre et écrivaine italienne rattachée au futurisme.
Lors de vacances à la mer, ils inventent une nouvelle forme d’art, le tactilisme:
Une évolution multi-sensorielle du futurisme. –
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«L’été dernier, à Antignano, où la via Amerigo Vespucci, découvreur des Amériques, courbe le long de la mer, j’ai inventé le Tactilisme. Des drapeaux rouges flottaient sur les ateliers occupés par les ouvriers. J’étais nue dans l’eau soyeuse, déchirée par les rochers, ciseaux, couteaux, rasoirs, écumants, parmi les matelas d’algues imprégnés d’iode. J’étais nu dans la mer d’acier flexible, qui avait une respiration virile et fructueuse. J’ai bu de la coupe de la mer pleine de génie à ras bord. Le soleil avec ses longues flammes rôties vulcanisait mon corps et boulonnait la quille de mon front pleine de voiles.»
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À une locomotive en hiver– Toi revêtue de ton armure, avec ta double palpitation rythmique et ton battement convulsif,
Ton noir corps cylindrique, l’or de tes cuivres, l’argent de tes aciers, Tes lourdes barres latérales, tes bielles parallèles qui relient tes roues, et qui tournent et font la navette sur tes flancs, Ton halètement et ton grondement cadencé, qui tantôt s’enfle et tantôt décroît dans le lointain Ta grande lanterne fixée en surplomb à l’avant, Tes longues banderoles pâles de vapeur qui flottent derrière toi et se teintent d’un violet délicat, Les épais nuages noirs que vomit ta cheminée, Ton ossature vigoureuse, tes ressorts et tes valves, le scintillement frémissant de tes roues… – |
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La peinture d’avant-garde (extrait).– Il y a cependant analogie entre une machine et une œuvre d’art. […] Si on considère aussi la machine du point de vue de l’effet qu’elle produit sur les spectateurs, nous découvrons aussi une analogie avec l’œuvre d’art. En effet, à moins d’être esclave d’un parti-pris quelconque, on ne peut pas ne pas éprouver une sensation de plaisir, d’admiration, devant une belle machine. L’admiration est en elle-même un plaisir esthétique, et puisque le plaisir esthétique produit en nous par une machine peut être considéré comme Universel, nous pouvons en conclure que l’effet produit sur le spectateur par la machine et celui produit par l’œuvre d’art sont analogues.
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Gino Severini, « La peinture d’avant-garde » (1917, initialement intitulé « Le machinisme et l’art »
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L’agonie de la Lison– On n’entendait plus, on ne voyait plus. La Lison, renversée sur les reins, le ventre ouvert, perdait sa vapeur, par les robinets arrachés, les tuyaux crevés, en des souffles qui grondaient, pareils à des râles furieux de géante. Une haleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d’épais tourbillons au ras du sol ; pendant que, du foyer, les braises tombées, rouges comme le sang même de ses entrailles, ajoutaient leurs fumées noires. La cheminée, dans la violence du choc, était entrée en terre ; à l’endroit où il avait porté, le châssis s’était rompu, faussant les deux longerons ; et, les roues en l’air, semblable à une cavale monstrueuse, décousue par quelque formidable coup de corne, la Lison montrait ses bielles tordues, ses cylindres cassés, ses tiroirs et leurs excentriques écrasés, toute une affreuse plaie bâillant au plein air, par où l’âme continuait de sortir, avec un fracas d’enragé désespoir. Justement, près d’elle, le cheval qui n’était pas mort, gisait lui aussi, les deux pieds de devant emportés, perdant également ses entrailles par une déchirure de son ventre. […] on le voyait râler, d’un hennissement terrible, dont rien n’arrivait à l’oreille, au milieu du tonnerre de la machine agonisante.
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Les Sœurs Vatard ( extrait )– Par désœuvrement, elles observaient les moindres détails du chemin de fer, le miroitement des poignées de cuivre des voitures, les bouillons de leurs vitres ; écoutaient le tic-tac du télégraphe, le bruit doux que font les wagons qui glissent, poussés par des hommes ; considéraient les couleurs différentes des fumées de machines, des fumées qui variaient du blanc au noir, du bleu au gris et se teintaient parfois de jaune, du jaune sale et pesant des bains de Barège. Elles reconnaissaient chaque locomotive, savaient son nom, lisaient sur son flanc l’usine où elle était née : chantiers et ateliers de l’Océan, Cail et Compagnie, usine de Graffenstaden, Kœchlin à Mulhouse, Schneider au Creusot, Gouin aux Batignolles, Claparède à Saint-Denis, participation Cail, Parent, Schalken et Compagnie de Fives-Lille ; et elles se montraient la différence des bêtes, les frêles et les fortes, les petiotes sans tenders pour les trains de banlieue, les grosses pataudes pour les convois à marchandises. Puis, leur attention se fixait sur une machine en panne et elles regardaient le monstrueux outillage de ses roues, le remuement d’abord silencieux et doux des pistons entrant dans les cylindres, puis leurs efforts multipliés, leurs va-et-vient rapides, toute l’effroyable mêlée de ces bielles et de ces tiges ; elles regardaient les éclairs de la boîte à feu, les dégorgements des robinets de vidange et de purge ; elles écoutaient le hoquet de la locomotive qui se met en marche, le sifflement saccadé de ses jets, ses cris stridulés, ses ahans rauques. Elles avaient des joies d’enfants lorsqu’elles en apercevaient une, une toute petite, réservée pour la traction des marchandises dans la gare et pour les travaux de la voie, une mignonne, élégante et délurée, avec sa toiture de fer pour abriter les chauffeurs et ses grosses lunettes sur l’arrière-train. […] Mais ce dimanche-là, la mioche, comme elles l’appelaient, était restée dans son écurie. Il n’y avait près des rotondes que d’énormes bêtes dont on curait l’estomac grillé avec des tringles.
Joris-Karl Huysmans, Les Sœurs Vatard (1879)
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Départ pour le rallye : le 18 mars 2022Les Étincelles du Djebelet la Seconde tentative de colorisation d’une machine:–
Suite de «L’incognoscible colorisation d’une machine agricole». Cette série bigarrée est née d’une proposition de l’équipage «Les Étincelles du Djebel» : photographier le moteur et tenter d’en faire une œuvre artistique ! Fichtre, on me met à l’épreuve Redoutant un nouveau sortilège, celui fort craint des vidanges à perpétuité dans le garage sans retour. On l’aura deviné, on sied, ici, dans l’art de la prise de vue, les mains dans le cambouis. Instamment, la pugnace pilote aura souligné l’exagération de mon propos quant à la graisse noire qui aurait maculé mes délicates menottes d’artiste! Par bonheur, l’engin ressemble à la description de cette boite lunaire présentée par notre cher Savinien qui fut, en son temps, réputé pour avoir du flair et d’être bien nez ! Un sujet péninsulaire qu’il est prudent d’éviter ici ! Je serai, conséquemment, muet comme un roc et retrouve illico le cap de mon étincelant sujet. Dommage, il me faut oublier un moment Edmond, Sarah et toute tirade, même si sur le sujet je suis en odoration !
Nous sommes en présence d’un duo qui met tout en œuvre pour participer à l’édition 2022 du premier rallye-raid hors-piste féminin : le Rallye Aïcha des Gazelles. Un petit soutien artistique en bigarrant le moteur du quatre-quatre ne sera pas de trop dans ce monde de communication où les vaseux communicants font loi ! |
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Futurisme, motorisme, automotisme, trépidisme, vibrisme, planisme, sérénisme, exacerbisme, omnisme, néisme, avérinisme, toutisme, suprématisme
JC
Anévrisme !
Magnifique travail, mille remerciements pour avoir su sublimer la belle mécanique de notre 4X4 !
Merci, Madame Guillou !