Fastueuses épaves – épaves – épaves
à l’écoute : Argonautes III |
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Fastueuses épaves…Un jour Kor Po8tma écrivait à un ami un de ceux qui aiment ce qu’il peint parce qu’il ne peint que ce qu’il aime Tu sais que ma peinture ne veut rien de magistral ou d’important et que j’essaie de donner une vie plus réelle aux choses insignifiantes, pauvres, simples, oubliées et jetées-Plumes et plantes objets éperdus éprouvés roseaux séchés liés déliés et brisés et papillons éparpillés Vieille ratière et nouveau bigarreau rebuts de liège vêtus comme des oiseaux Vestiges de terre et de mer de joie et de misère de lumière et de vent Signaux de mort signes de vie vivantes et frêles ruines figures de rébus tendres énigmes secrets publics Fastueuses épaves et fabuleux débris rejets du beau et mauvais temps dans les filets du Hollandais Volant à Sanary où le peintre affectueusement les a surpris dans leur ardente et charmante inertie surpris et rassemblés en pleine réalité c’est-à-dire en plein rêve en plein désir en plein mystère en plein oubli Là où la vie ne cesse de fondre en larmes que pour éclater en sanglots Là où la terre à l’horizon funèbre sommeille sous l’œil seul du soleil et puis pleurant de rire se réveille en sursaut et fait chanter ses fleurs ses mendiants ses oiseaux Non loin de là dans les Alpes-Maritimes une petite fille comme le peintre sur le sable retrouve dans le paysage de sa tête des choses venues elle ne sait d’où des choses de tristesse et de fête d’ailleurs et de partout Et ces choses ma fille les dit en chantant Finis les beaux bateaux d’autrefois finis finis Ils sont cassés en petits morceaux jamais jamais ils n’auront plus une goutte d’eau dans leur vie Ils sont en tout petits morceaux en petits fagots pour qu’ils brûlent bien Et l’éléphant pisse un petit coup C’est la fête du Mouton à l’ail Il est temps d’aller déjeuner dit Courtois le chien pauvre Poéme [Source] |
Très beau texte de Prévert accompagné d’une musique mélancolique. J’ai beaucoup apprécié.
Merci !!!!