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9’18 » DE RESSOUVENANCES SUR UN QUAI DE GARE |
Où l’on est en droit de se poser la question : « Foutredieu de ventre-saint-gris, d’où sort-il ce titre, morbleu ? » Photos gare de ToulonTrois jurons en début d’article !– Le lecteur ou la lectrice pugnace pourra, éventuellement, si le cœur lui en dit, s’essayer au théâtre en déclamant à forte voix la phrase.
Cependant, il gardera à l’esprit que le premier fut largement dispensé par de Sade Donatien Alphonse François, le second par Dumas Alexandre et le troisième par Verlaine Paul !
Voilà qui nous change des jurons actuels qui ponctuent allégrement nos paroles !
Cela dit, assez de préambules, je vous laisse regarder les photographies qui égratignent un tantinet l’orthodoxie de la discipline présente sur les réseaux (as)sociaux: les couchers de soleil dégoulinants de chats finissent par me lasser.
Je vous conterai, plus bas, le pourquoi de la délinquance. Quant à la géométrie, elle se passe, ici, de commentaire.
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Les photographies–
Expositions multiples en quête de surexpositions.
Une première photo puis une seconde en plan rapproché et parfois décentré.
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Fichtre , Je suis un dangereux délinquant !– Nous sommes le 27 février 2021 en plein confinement et, dès potron-minet, je me suis réveillé.
J’ai tout bonnement oublié de désactiver le réveille-matin et ce ridicule objet est persuadé que je dois me rendre à l’université dispenser mes connaissances.
Avec l’instinct du fauve matinal, je rampe jusqu’au percolateur salvateur où je me concocte une dose de caféine à ranimer une momie* égyptienne : fort et sucré ; à l’Italienne !
J’ouvre les volets et sors faire quelques pas dans mon jardinet.
Tudieu, ça pique ! Il fait encore nuit.
(* – A propos de momie, je tiens à signaler que je me porte volontaire, au péril de ma vie, quant à la réanimation d’Ahmanet, alias la tourneboulante Sofia Boutella. Une parenthèse qui risque de m’attirer quelques amies ! )
Jarnidieu, m’exclamai-je, l’absence de lumière est sublime !–
Ni une, ni deux, ni dieu: quarante-cinq secondes d’une douche relaxante suivie d’un équipement polaire et de l’indispensable sac à dos photo. Je pars figer un Toulon encore un tantinet endormi.
Il n’y a quasiment personne dans les rues. J’en profite pour une accumulation de fichiers d’images que je serais contraint de trier plus tard. Je traverse par les halles et la série de passages toulonnais qui, la nuit, possèdent la somptuosité du mystère. C’est assez facile, il n’y a qu’à se laisser porter par la magie du lieu. Il est sept heures Chemin faisant, je rencontre quelques personnages. Sur le marché, on s’affaire à ériger son étal. Les livraisons ont débuté et les employés municipaux nettoient et, certainement, désinfectent la ville : le virus se cache dans tous les recoins, prêts à bondir, toutes dents dehors, sur l’imp(r)udent qui vaquerait sans masque. Cette dérisoire protection reste une calamité pour le photographe; elle provoque de la buée sur le viseur, d’autant que le froid vif attise la condensation.
Mon premier acte de délinquance:–
J’ôte l’étouffoir aux vertus politico-sanitaires pour clicher tranquillement et marcher sans avoir l’impression de me trimbaler un pneumothorax !
D’une ruelle à l’autre, je parviens sur le boulevard de Strasbourg qui commence à s’animer.
Second acte d’une criminalité à détrôner Landru:–
Je me plante au mitan de l’artère et photographie joyeusement, toujours sans le déguisement sanitaire : le commissariat central se trouve à deux pas, il y a indubitablement moins de surveillance !
Si ça n’est pas de la résistance, c’est, nonobstant, un grand moment d’autodérision !
L’instinct prédateur accomplit une fois de plus son office, je finis par me retrouver à la gare de Toulon. Les stations ferroviaires sont un lieu de prédilection pour les photographes et quand la lumière est au rendez-vous on peut parler d’une sorte de Paradis, de Walhalla, d’Eldorado, de Nirvana, de Champs-élysées… J’hésite un peu quant au terme à employer, je ne voudrai blesser personne. C’est pénible, de nos jours, un mot de trop et tu retrouves ta tête qui reluque tes chaussures. L’aurore pointe déjà le bout de son nuage: un décor somptueux pour un Spleen baudelairien :
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis… » et tout le kit.
Ce serait picturalement dommage de ne pas saisir ces images…
Je m’approche du sanctuaire des retards annoncés, c’est ouvert, furtivement j’entre.
Me voilà sur le quai. C’est désert et relativement silencieux : les vestiges d’un temple dédié aux transports en commun. C’est un pur bonheur cette solitude. Je n’attends et n’entends rien, pas même un train.
La chasse va être féerique.–
Il y a une odeur. Le chemin de fer porte la signature d’une fragrance unique tout comme l’atelier de mécanique de La Seyne sur Mer. Une odeur d’huile, de gasoil, de bois, de métal mais, aussi, l’indicible odeur électrique, vraisemblablement due à un peu d’ozone produite par les caténaires alimentées en tension alternative de vingt cinq mille volts.
Photos gare de Toulon
La gare a encore ses lumières et sa couleur nocturne. Il est temps de traquer et saisir le paysage; je n’hésite pas j’ai fait le plein de munitions. Puis, suivant la lumière, je me dirige vers l’Est: au levant jusqu’à la fin du quai.
Photos gare de Toulon
Ici, ne viennent que les employés du service d’entretien des voies. Le ballast a fait place au goudron. C’est curieux toute cette végétation qui lutte contre la caillasse. Il ne faudrait pas beaucoup de temps à la végétation pour envahir le lieu, s’il était abandonné.
Photos gare de ToulonEnfin, la délinquance ferroviaire en Gare de Toulon.Photos gare de Toulon Je remercie la lectrice, le lecteur, pour la patience dont ils font preuve pour arriver jusqu’à la chute de l’histoire.
( Effectivement, pour le lectorat, je pourrai utiliser l’écriture inclusive, mais je trouve que c’est, visuellement, particulièrement laid. Et puis, cette nouvelle marotte de voir du sexisme à chaque virgule… ) Photos gare de Toulon
«Triiit, Triiii, Triiit, Triiii et re-Triiit, Triiii»! Diantre, fichtre, palsambleu et ventre-saint-gris, un coup de sifflet appuyé ! Qui ose cette outrecuidance: m’extraire, avec un son tout aussi pestilentiel qu’inesthétique, de ma torpeur photographique alors que, planté au milieu de la voie principale, je m’échine à immortaliser cette sublime perspective auréolée d’un soleil apparaissant derrière une dramatiquement dostoïevskienne barrière de nuages ?
Qui se permet ce vil outrage à mes bonnes mœurs artistiques ?
Je sens en moi monter un courroux à faire trembler d’effroi le voïvode Vlad III Basarab, surnommé « l’Empaleur » de la dynastie Drăculea fils de Vlad II, dit le Dragon (Vlad Dracul), prince de Valachie, famille des Drăculescu.
La lectrice, le lecteur imagineront sans peine la couleur de mon visage, à cet instant, contrastant violemment avec le paysage !
Photos gare de Toulon
Puis, on me hèle…
Là, c’est certain, cordieu, le sang va couler ! Au loin, un individu agite ses bras et ses jambes à s’en désarticuler la carcasse. Je suppose qu’il souhaite, prestement, me délivrer un message, un ambassadeur sans doute. Je pense qu’il ignore que les rapports entre Vlad Țepeș et les parlementaires sont quelque peu tendus. Je m’approche du quidam, une manœuvre interstellaire qui, au ralenti cinématographique, me ramène peu à peu vers la réalité. Il s’agit d’une interpellation par un vigile affecté au lieu. C’est à ce moment que tout déraille. Et oui, il fallait que je la place !
Alors là, commence la litanie assommante empreinte de moraline du préposé zélé qui su rester courtois. Je résumerai de cette façon : j’ai commis une faute grave, j’ai photographié, sans autorisation, un espace ouvert, fermé, public et privé, le festival de la dichotomie!
Photos gare de Toulon Bref, je suis un délinquant ferroviaire !
Toutefois, n’ayant aucune intention de polémiquer avec un employé qui fait qu’obéir aux ordres ( le débat est ouvert ). Sur ces entrefaites, je me dirige, nonchalant, vers la sortie la plus proche échappant ainsi au Cerbère qui, en dehors de l’enceinte, perd tous ses pouvoirs magiques !
ConclusionPhotos gare de Toulon
Promis, juré dans une prochaine vie, s’il en est une, je choisirai une délinquance plus encline à préserver l’équilibre social ! –
«Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre Chez moi»2 |
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Voir la vidéo …Les images et la musique confondues de lenteur… |
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Notes1- Donatien Alphonse François de Sade (1740-1814), que je considère depuis fort longtemps comme un incommensurable salopard, est avant tout un délinquant sexuel multirécidiviste. Et il serait bon de connaitre les affaires de sévices infligés à des jeunes femmes et des petites filles… Ce ne sont pas ses écrits, mais ses actes, qui l’ont conduit en prison.
Je conseille la lecture d’une part ses œuvres, pour se faire une opinion, et aussi :
La passion de la méchanceté : Sur un prétendu divin marquis. de Michel Onfray ↑ 2 – Jacques Brel : Ces gens là.
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Bravo ! Tu gagnes largement ta casquette de chef de gare, sur la ligne du Beau.
Parfois je me demande: laquelle vais-je mettre aujourd’hui ?
Bientôt, une vidéo minimaliste et musiquée sur la même ligne.
Merci Gérard, d’être passé me chercher à la Gare !
Et vue la situation actuelle : Prudence et quant à soit…
Dès qu’il y a une ou des lignes droites……tu appelles ça de la géométrie……..ha ha ha…….
C’est vrai que dès qu’elles convergent………Sofia…… même si…… bab el oued reste une ville intense….
La musique est top ! J’ai fait une belle balade ! ! !
Merci…..
Sinon, tu sais depuis longtemps que tu es un délinquant ! non ?(Plutôt grand modèle, même !)….
Merci Jean-Claude !
Ballade ou Balade ?
Délinquant parce que peu dans la servitude et beaucoup dans l’idée subversive quant à celles reçues?
J’aime beaucoup ce dessin surtout que je n’ai plus de chat !
Super, ta vision des gares me touche beaucoup. (et ton érudition amusée impressionne). Bravo !
Merci beaucoup, Pierre!