Allauch : Un village en Provence

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Quant à Allauch :
Today, grand concours de lieux communs ! ( Vive l’autodérision ! )

Un nom qui résonne comme une chanson claire au cœur des collines provençales. Quand on le prononce, il semble que le vent s’y accroche, qu’il prolonge la dernière syllabe dans un souffle chaud ou vif quant aux saisons. Allauch, c’est la lumière du matin qui se pose sur les toits de tuiles d’argile orange, c’est le soir qui descend doucement sur les moulins ; c’est le parfum des pins mêlé à celui de la farigoule et du romarin.

Ce village, suspendu entre ciel et mer, n’est pas seulement un espace géographique : il demeure un temps continu, une respiration de mémoire.
Ici, l’histoire humaine s’est enracinée très tôt. Des vestiges antiques témoignent de la présence romaine. Puis le Moyen Âge érigea sur la colline son château, forteresse protectrice dont les ruines veillent encore.  De là-haut, la vue s’étend, immense,

Allauch : Un village en Provencesur Marseille et son port ouvert vers le large, la mer qui miroite, les collines qui se succèdent à perte de vue.

Un village de mémoire et de guet…

L’histoire est intimement liée à sa position.

Perché, il surveillait la vallée et protégeait les chemins. Les seigneurs, les paysans, les artisans y ont laissé des traces multiples.
Le château médiéval, détruit puis abandonné, a pourtant transmis sa force symbolique : celle d’un village qui sait résister.

Au XVIIᵉ siècle, l’église Saint-Sébastien s’élève ainsi qu’un cœur battant.
Ses cloches rythment depuis longtemps la vie du bourg : elles ont sonné pour les processions, pour les fêtes de Pâques et de Noël, mais aussi pour annoncer les guerres ou les pestes.
Elles résonnent comme une voix qui lie les générations.

À Allauch, l’histoire n’est pas écrite seulement dans les pierres.
Elle s’entend dans le vent, elle se voit dans les gestes transmis, elle se lit dans les visages des habitants.


Les moulins, gardiens du vent et du temps

Sur la colline des Moulins, une douzaine d’édifices, jadis, transformaient le blé en farine. Le pain quotidien y prenait naissance, fruit du travail patient des paysans et du souffle généreux du mistral. Aujourd’hui, seuls quelques moulins subsistent, restaurés ou réduits à l’état de témoins. Mais ils parlent encore.

Frédéric Mistral, le grand chantre de la Provence, affirmait :
« En Provence, le vent n’est pas un ennemi : il est la main de Dieu qui tourne nos moulins et sèche nos larmes. » Ces mots semblent avoir été écrits pour Allauch, tant le mistral fait partie de son âme.
Il passe dans les ailes des moulins figés, il gronde dans les branches de pins, il soulève la poussière des ruelles comme pour rappeler que le village vit en symbiose avec lui.

Ces moulins sont la mémoire du travail simple et nécessaire, une poésie silencieuse qui ne s’éteint pas.


Les collines, théâtre des légendes

Mais Allauch n’est pas qu’histoire : il est aussi légende.
Ses collines abritent des récits transmis de bouche à oreille lors des veillées.
On y parle de farfadets, d’esprits cachés dans les creux des rochers, de lutins malicieux qui, à la lueur de la lune, se jouaient des voyageurs.

Marcel Pagnol, enfant des collines voisines, aurait reconnu cette atmosphère. Lui qui écrivait : « Les collines sont les cathédrales de mon enfance. » Allauch partage avec Aubagne et La Treille ce même paysage intérieur : une garrigue habitée, où chaque arbre et chaque pierre semblent doués d’une voix.

Ces contes font d’Allauch un lieu double : visible dans ses pierres et invisible dans ses récits. Et c’est dans cet entre-deux que se niche sa poésie.


Les santons, peuple miniature d’Allauch

Il est une autre mémoire, plus tendre, qui fait battre le cœur du village : celle des santons. Ici, la tradition de la crèche provençale est vivante, perpétuée par des artisans qui façonnent avec patience ces figurines de terre.

Le berger avec son mouton, la poissonnière, le meunier, le ravi, le boulanger : tous les métiers, tous les visages du peuple provençal trouvent place dans cette petite humanité. Paul Arène rappelait : « Le santon est plus qu’une figurine : il est la mémoire d’un peuple qui refuse de disparaître. »

À Allauch, les santons ne sont pas que des objets : ils sont des fragments d’âme. Dans chaque crèche, c’est le village lui-même qui renaît, en miniature, fidèle à ses traditions et à ses gestes.


Le Pain d’Allauch, douceur de mémoire

Mais il y a aussi la légende gourmande : le Pain d’Allauch.

Contrairement à son nom, il ne s’agit pas d’un pain de farine, mais d’une friandise sucrée apparue au XIXᵉ siècle. Gros sucre tendre, parfumé et généreux, il fut longtemps la fierté des confiseurs. On l’offrait lors des fêtes, on le partageait dans les familles.

Encore aujourd’hui, il est un symbole de convivialité et de douceur. Goûter ce Pain, c’est savourer une part d’histoire, c’est retrouver l’esprit d’un village qui sait transformer la simplicité en poésie.


Les écrivains…

Le village a inspiré de nombreux écrivains. Marcel Pagnol, bien que plus attaché à Aubagne et La Treille, a souvent évoqué ces paysages frères. Dans La Gloire de mon père, il décrit des collines qui pourraient être celles du village.
« Je respirais l’odeur immortelle du thym, du romarin, et de la farigoule… »

Ces mots vibrent encore dans l’air du village, tant ils traduisent la permanence des parfums et des sensations.

Frédéric Mistral, prix Nobel de littérature, voyait dans chaque bourgade provençale une part d’éternité. Ses poèmes en langue d’oc, où il célébrait la lumière, le vent et la terre, trouvent ici une résonance particulière. Lui qui affirmait :
« La terre parle à qui sait l’écouter. »
Ces collines lui donnent raison.

D’autres encore, moins célèbres, mais tout aussi fervents, ont chanté Allauch. Des poètes locaux ont évoqué ses fêtes, ses marchés, ses traditions. Tous disent la même chose : ce village est un carrefour de mémoire et de beauté.


Le village au crépuscule

Quand le soir descend, la paysage se métamorphose en une œuvre poétique vivante.

Le soleil, s’éteignant derrière Marseille, embrase les collines d’or et de pourpre.

Les pierres des maisons prennent une teinte douce, comme si elles respiraient après la chaleur du jour. Le silence s’installe, troublé seulement par le chant des cigales ou le pas des promeneurs.

C’est alors que ce révèle son essence : un lieu où le passé et le présent se confondent, où l’histoire se fait légende, où la poésie devient réalité.

Et l’on se surprend à murmurer avec Mistral : « La Provence est éternelle parce qu’elle est faite de vent, de soleil et de mémoire. »

Alors là, si je n’ai pas gagné le grand concours hebdomadaire du Lieu Commun, je n’y comprends plus rien !!!

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