à l’écoute :
|
Una passeggiata bucoliche | |
Sur grand écran c’est beaucoup mieux ! On big screen it’s much better ! Su un grande schermo è molto meglio !–
|
|
Note : Pour identifier une plante avec votre portable, même à l’écran, je suggère l’application Pl@ntNet.
Pour smartphone ou directement sur votre navigateur. J’y contribue depuis quelque temps.
|
|
Préambule :– Pour la « Saison Deux »* de nos amoureuses aventures, et certainement la dernière, nous cherchions une destination française pittoresque. Celle-ci a eu le don de devenir, sans coup férir, Italienne : une sorte de tradition.
Deux ans auparavant, nous avions projeté de visiter la Bretagne.
Il du y avoir une singularité stellaire, certainement un trou de vers, puisque nous nous sommes retrouvés au sud de l’Italie !!!! Les mystères du cosmos.
Furetant, ci et là, internet et ses merveilleux atlas prodigués par diverses compagnies cartographiques, d’un coup de souris pugnace je m’arrête, crampe à l’index, devant une dénomination qui retient mon attention : Giardini botanici Hanbury. Mon italien est sommaire, certes, mais ce ne fut pas difficile à traduire : jardin botanique Hanbury ! J’avais entendu parler du lieu sans toutefois y prêter attention.
Le site est ornementé de 4,5 étoiles, ce qui est précieux quand l’imagination d’une destination vient à manquer, ainsi que de 1183 avis parfois cocasses !
Comme j’aime rire, je vous en livre un, brut de forme :
Je conseillerai toutefois à son auteur de faire un procès à son ophtalmologue et, éventuellement, son psychiatre : un « couillon » sans doute !
«Très mal entretenu, jardin abandonné, manque d’arrosage, arbres calciné, brulé, je n’ai pris aucunes photos, il n’y avait rien d’intéressent, à 65 ans, je n’ai jamais rien vu de pareil, et pourtant j’aime ça les jardins botaniques, une catastrophe, un attrape couillon, et je n’était pas seul à le penser, des couillons comme moi pensait la même chose, les personnes qui on construit ça, doivent se retourner dans leurs tombes en voyant ce massacre. J’ai mis une étoile mais c’est trop, ça ne vaux plus rien du tout, mais à l’origine ça à du être magnifique et bien pensé, mais l’administration à tout gaché comme souvent!…. Bon courage pour la suite, pourtant j’ai vu plusieurs jardin en Italie, mais aucuns dans cet état !…Merci pour m’avoir demandé ce que j’en pensais, j’espère que ça servira pour allez dans le bon sens !.. Nous féliciterons l’horticole force d’inertie de sa dame, indubitablement assommée par la lourdeur du propos églogue agrémenté d’une transgression grammaticale et orthographique un tantinet agreste, force qui la fit seoir exaspérée, transpirante et époumonée en plein mitan du parc.
Il serait toutefois bon de signaler, à ce brave homme administrativophobe, que ceux qui ont construit « ça » ne se retournent pas dans une tombe, mais dans un mausolée…
Il y a plus nettement plus de place pour la pirouette post-mortem et courroucée.
|
|
Résumé historique– Thomas Hanbury est à la recherche d’une résidence loin des pluvieux hivers britanniques… ( on peut le comprendre !!! ). Il découvre le cap de La Mortola et décide de s’y installer. Le lieu est tout à fait exceptionnel : une pente de 18 hectares couverte d’oliviers, d’agrumes et de vignes plongeant dans la Méditerranée. Sur la vaste propriété s’élève également une demeure bâtie au xvie siècle. Thomas Hanbury voulait selon les conseils de son frère Daniel, pharmacien et botaniste passionné, que sa propriété abrite un jardin exotique. Il achète cette propriété le 1er mai 1867. Les travaux débutent en 1868 sous la direction de Daniel et grâce à l’aide du jardinier Ludovic Winter, notamment, le jardin s’organise. En 1875, Daniel meurt et Ludwig Winter quitte le domaine pour se consacrer à sa propre pépinière, compromettant l’avenir du jardin. Cependant, Thomas Hanbury décide de continuer le travail de son frère. Ainsi, avec le concours d’experts allemands tels que Gustav Cronemayer, Kurt Dinter et Alwin Berger, le jardin atteint presque la perfection. – Thomas Hanbury meurt en 1907 et c’est son fils Cecil Hanbury qui hérite de la propriété. Peu après, la Première Guerre mondiale éclate et le jardin est délaissé. Cependant, en 1918, l’épouse de Cecil, Lady Dorothy Symons, reprend en main le domaine. Faisant preuve d’un grand investissement personnel, elle crée un jardin méditerranéen, des terrasses d’hiver et ouvre au public une partie du parc. Durant la Seconde Guerre mondiale, le jardin est dévasté par les bombardements, le passage des troupes et le vandalisme. N’ayant plus les moyens financiers d’entretenir le domaine, Lady Dorothy le vend à l’État italien en 1960, s’assurant de son inaliénabilité. Le jardin fait aujourd’hui partie des «Grandi Giardini Italiani». À la fin des années 1960, d’importants travaux de restauration sont entrepris par l’Institut International d’Études Ligures à qui a été confiée la gestion du jardin. Mais faute de crédits suffisants, l’Institut abandonne et en 1983, le jardin passe sous le contrôle de l’université de Gênes. Aujourd’hui, l’Université continue l’aménagement du jardin ainsi que le travail de recensement botanique. Un nouveau catalogue a d’ailleurs été publié en 1996, dénombrant 7 000 espèces de plantes. Les cendres de Thomas Hanbury, de son épouse et de Lady Dorothy reposent dans un mausolée néo-mauresque, construit au milieu du jardin. |
Le Jardin |
|
J’aime la nature libre, sauvage.
Ce qui m’insupporte le plus ce sont les jardins tracés par un « Le-Nôtre » : l’insupportable jardin à la française.
Je n’aime pas les grandes surfaces botaniquement géométriques, la taille grotesque des ifs, pas plus que la symétrie jardinière impropre à la nature fractale des richesses végétales.
Le jardin taillé au cordeau rappelle trop la déforestation et le remplacement systématique de la foisonnante forêt primitive par la culture d’essences productives et rentables rangées au garde à vous, génératrices de profits asphyxiants peu à peu notre planète. Je pense aux plantations d’Elaeis guineensis destinés à la production de l’huile de palme. Ainsi, en Indonésie, l’expansion de palmiers à huile a contribué à la perte de 6 millions d’hectares de forêts primitives entre 2000 et 2012. Ces monocultures sont, dans beaucoup de pays, souvent associées aux violations des droits de l’homme. Vous l’aurez deviné, je préfère le jardin du botaniste à celui du politique et cela sans vergogne. Le Jardin botanique Hanbury séduit par son foisonnement et son désordre apparent : …Sur les 18 hectares que compte le jardin, neuf sont occupés par des espèces méditerranéennes et les neuf autres par des espèces exotiques. On peut ainsi y admirer une petite forêt australienne, un jardin mexicain, une grande variété de succulentes originaires des différents déserts du globe et une belle collection de cycadées d’Extrême-Orient. Dans la partie haute de la propriété on peut voir des glycines et des lilas ; le long du torrent : des lauriers-roses ; au pied des murs : des passiflores, des roses, du lierre et des bégonias; dans la partie au sud : des agaves, des aloès, des cactus, des yuccas, des oponces et des euphorbes. Il y a aussi la palmeraie, les jardins monochromatiques destinés aux fleurs de saison, la plantation d’agrumes et le verger. [Source] Les plantes, bien que cultivées, y poussent en liberté et, par bonheur, on n’y décèle pas de tailles excessives. On peut le qualifier de jardin Anglais avec ses formes irrégulières, symboliquement et esthétiquement opposées à son rival Français! La nature y est privilégiée : on ne la dompte pas car elle n’est plus symbole de danger et arbore un aspect sauvage et poétique.
Il y a là beaucoup de place pour le romantisme, des fontaines avec de l’eau qui chuchote des histoires, de mystérieuses grottes artificielles, très à la mode à cette époque.
Le jardin est sillonné de chemins ombragés sous des tonnelles où s’entrelacent des plantes grimpantes, chemins de rêves d’iceux qui baguenaudent les doigts en treilles emmêlés.
Des bancs de pierre à l’abris des regards propices aux long baisers. S’ils pouvaient nous conter ces anecdotes nous serions dans une perpétuelle romance.
Un grand bassin apporte la fraîcheur dont l’Italie a grand besoin les jours d’été où nénuphars et poissons cohabitent.
C’est calme et propice à la méditation. La promenade enchanteresse est inouïe de poésie et chaque recoin du jardin abrite certainement un secret.
On sait que la Reine Victoria visita la propriété…
Ce jardin vient d’un passé révolu.
Je ne pense pas qu’il serait encore possible, dans notre monde avide de transformer les lieux en biens de consommation, à un homme tel que Sir Thomas Hanbury d’envisager un projet similaire.
Le jardin Hanbury s’inscrit, hélas, dans cette caractéristique négative générale à notre époque, qui est d’être dans l’incapacité de recueillir et de transmettre à la postérité les témoignages environnementaux et historiques que nous avons reçus du passé.
Le public s’extasiera bien plus pour un inqualifiable «Disneyland», représentation idéalisée et infantile du capitalisme, que d’un jardin capable d’exacerber les joies de l’esprit, l’imagination, la poésie, le romantisme, les dons de la nature, les valeurs de contemplation et de silence dont ce lieu est l’un des derniers sanctuaires.
|
|
La cloche JaponaiseElle fut placée dans le Jardin botanique conformément au désir de Sir Thomas Hanbury. Suspendue à un cadre en bois d’olivier, elle était utilisée pour ponctuer le temps d’une journée de travail . Elle fut coulée en bronze et elle semble provenir d’un sanctuaire bouddhiste détruit par un incendie dans le centre du Japon. Une autre petite inscription cite le nom du sanctuaire auquel elle a été consacrée.
|
|
Entendre la cloche– Il m’aurait été agréable de la frapper bien plus fort. Hélas, il est interdit de la toucher.
On dit que les contrevenants sont jetés vifs en pâtures aux plantes carnivores du jardin.
–
|
|
|
Les constructions remarquables
|
|
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_botanique_Hanbury |
|
Je ne sais pas si Colette, lors de ses séjours méridionaux, a eu l’opportunité de visiter les jardins.
Toutefois je n’ai pu résister à la tentation de publier cet extraordinaire texte fleuri…
COLETTE : UN JARDIN DE FLEURSSous nos yeux, le mimosa-sensitive, pour tromper l’agresseur, plie tous ses coudes de ramilles, abat ses aisselles de feuilles et ne livre qu’une dépouille évanouie. Un à un tombent les secrets des plantes, leurs défenses féeriques. Leurs pièges jouent à nu et dévoilent l’instinct carnassier, le goût du meurtre. Les bords vernissés, arrondis en lèvre, d’un calice cillé sont mortels. Une autre fleur referme sur l’insecte des herses entrecroisées de poils inflexibles…
Eh ! quoi, elles sont méchantes, elles aussi ?
Elle ont un sexe exigeant, une férocité, une fantaisie personnelles ?
Il n’est pas impossible que la sorcellerie, la magie paysanne que nous tenions pour naïve, qui cueillait des simples, distillait des sèves, interrogeait les fleurs, retrouve son prestige. La photographie animée, les grossissements cinématiques l’y aideront en montrant le gloxinia, l’aristoloche, gouffres hantés, les cotylédons du haricot, pièges à ressort, et le bouton du lis, longue gueule de crocodile en son premier bâillement. Monstre à la langue poilue, c’est toi, suave iris ? Quelle maléfique grimace tord la lèvre de la rose à son réveil ! Vingt cornes de diable coiffent le bleuet, l’œillet. Le pois grimpant darde une tête de python et la germination d’une poignée de lentilles mobilise une ruée d’hydres… De tels spectacles, qui me tiennent enchantée devant l’écran, rivaliseront un jour, je l’espère, avec le train-jou-jou qui rompt le pont et roule dans le fleuve, avec la débâcle arctique chargée d’emporter, sur son glaçon le plus stable, un outrecuidant bébé-star. La fantaisie humaine est courte ; seule la réalité extravague sans frein ni limite : contemplez, projetées, agrandies, les réfractions des cristaux précieux, architectures de pure lumière, perspectives vertigineuses, géométriques délires… Je m’ébahis facilement devant tels secrets, violés, de la fleur énorme et méconnaissable. Facilement je les oublie devant la fleur naturelle. Notre œil grossier, délivré des secours trop puissants, récupère une poésie traditionnelle. Une religion d’almanach nous attache à la fleur, même malingre, quand elle symbolise une saison, à sa couleur quand elle commémore un saint, à son parfum s’il nous rend douloureusement une félicité morte. Presque toute une nation exige le muguet comme le pain, au printemps. N’était sa fragrance démesurée, hors de toute logique – j’écrirais de toutes convenances -, le muguet est une maigre fleurette à campanules ronds d’un blanc vert. Elle se hausse au-dessus des feuilles sèches, à l’heure de l’année où choient les premières pluies chaleureuses, gouttes lourdes qui entraînent, délient les arabesques simples échappées au bec du merle et les premières notes, d’une sphéricité lumineuse, jaillies des premiers rossignols… Je tâte timidement, j’invente un rapport indicible entre la goutte laiteuse des muguets, le pleur de pluie tiède, la bulle cristalline qui monte du crapaud … Colette : Extrait de : Prisons et paradis ( Le volume de 1932 rassemble 39 textes composés entre 1912 et 1932 ) |
Carte des prises de vues |
||
Accès au site Giardini Botanici Hanbury – WEBSITETable des matières
|
|
Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury -Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury – Giardini Botanici Hanbury –
voluptueux voire orgiaque, ce cap de la Mortola ! et les senteurs sans doute. Et puis, oui, s’engouffrer dans un livre de Colette, ces voyages immobiles au pays des bêtes, des simples, des hommes ciselés avec tant de pertinence et d’humour.
très belle balade à vos côtés, les tourtereaux, merci !
Merci !!! Orgiaque c’est le bon mot !
Je l »ai visité au début de l’automne. Fascinée par la luxuriance de certaines plantes j’ai « chipé » des graines semées sans résultat.
Merci de me l’avoir fait découvrir au printemps
Comme quoi, le dicton : « on récolte ce que l’on sème » est parfois en froid avec la botanique !