De l’album : The Den without enD |
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WAKE UP AND COFFEE | L’AGRYPNIE DE PROMETHEE | AUTOPORTRAIT D’UNE LOCOMOTIVE | OKSANA | THE UNDERNEATH | ZONG BING |
Responsable de l’ordre des composition sur l’album : Hervé Zénouda.
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Le lecteur auditeur saura apprécier la prétention du titre ! |
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Composition pour :–
Piano naturel ou dénaturé à la convenance du musicien.
Notes tenues avec bruits de pistons et de clefs d’un bugle.
Sons de Contrebasse jouée à l’archet.
Drone avec effet Doppler.
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– Zeus et l’enchainé !–
On le savait, le maitre de l’Olympe est un redoutable lascar !
Quand on lui chipe le feu sacré du mont Olympe, il pique un far et, cramoisi, sentence avec vigueur le malhonnête coupable du brulant larcin !
Pis encore, le titanesque voleur s’est entiché des hommes et leur a offert le feu pour toute la symbolique qu’il en découle. –
Dès lors, le bougre, qui espérait donner la connaissance aux mortels, se retrouve enchainé à un roc et condamné à ce qu’un rapace insatiable vienne, journalièrement, bouloter son foie. Toutefois, l’histoire ne stipule pas si l’oiseau gastronhomme agrémentait son mets de moutarde ou pas. Comble du supplice, l’organe pugnace se régénère chaque nuit. Ainsi, le tourment peut se prolonger à l’infini. On ne peut certainement pas attribuer au martyre la palme de l’élégance, certes, mais celle de l’originalité, sans hésiter !
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Le maitre de l’Olympe demeure assez paradoxal : quand il se met en tête de lutiner sur terre une mignonnette, il n’hésite pas à se transformer en oiseau, pas n’importe quel volatile, un cygne somptueusement phallique. Mais, lorsqu’il s’agit de basses et répugnantes besognes, il embauche un larbin tout en plumes, en zèle et pourvu d’un solide appétit : L’Aigle du Caucase, peu cocasse, fils de Typhon et d’Échidna ! –
Cet appétissant épisode de la mythologie ne s’arrête pas là.
Zeus, qui possède plus d’un tour dans ses foudres, décide parallèlement d’enquiquiner copieusement les hommes. C’est convenu, on sait qu’il détient, assurément, un gout prononcé pour la gaudriole.
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Pour cela, il ordonne à son fils, Héphaïstos, de modeler la première femme qu’il nommera Pandore: «cadeau de tous (les dieux)» .
Afin de parfaire sa créature, Zeus va demander à Athéna de lui offrir de splendides vêtements, à Aphrodite, la grâce, la beauté, de rutilantes et précieuses parures.
Quant à l’espiègle Hermès, qui n’était pas encore boutiquier en maroquinerie, il aura le devoir de lui d’insuffler la curiosité.
Zeus, quant à lui, taquin, prodigue une boite qu’il ne faut surtout pas ouvrir à celle qui vient d’acquérir la curiosité ; je vous le dis, un vrai boutentrain !
« Après avoir achevé cette attrayante et pernicieuse merveille, Zeus ordonna à l’illustre meurtrier d’Argos, au rapide messager des dieux, de la conduire vers Épiméthée. Épiméthée ne se rappela point que Prométhée lui avait recommandé de ne rien recevoir de Zeus, roi d’Olympe, mais de lui renvoyer tous ses dons de peur qu’ils ne devinssent un fléau terrible aux mortels. Il accepta le présent fatal et reconnut bientôt son imprudence. » Hésiode, Les Travaux et les Jours, v. 83-90.
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Sans coup férir, le cadeau du messager se révéla plutôt efficace.
En conséquence, Pandore, maintenant femme d’Épiméthée, « qui réfléchit après coup », frère de notre héros, finit par l’ouvrir.
À l’intérieur du mystérieux coffret se trouvaient réunis tous les maux des hommes. Ils se répandirent de concert sur la terre, à l’instar de la gonorrhée, plus communément nommée chaude-pisse, sur le bas clergé!
On raconte que seule l’Espérance, plus lente à réagir, y resta enfermée.
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« Auparavant, les tribus des hommes vivaient sur la terre, exemptes des tristes souffrances, du pénible travail et de ces cruelles maladies qui amènent la vieillesse, car les hommes qui souffrent vieillissent promptement.
Pandore, tenant dans ses mains un grand vase, en souleva le couvercle, et les maux terribles qu’il renfermait se répandirent au loin.
L’Espérance seule resta. Arrêtée sur les bords du vase, elle ne s’envola point, Pandore ayant remis le couvercle, par l’ordre de Zeus qui porte l’égide et rassemble les nuages.
Depuis ce jour, mille calamités entourent les hommes de toutes parts : la terre est remplie de maux, la mer en est remplie, les maladies se plaisent à tourmenter les mortels nuit et jour et leur apportent en silence toutes les douleurs, car le prudent Zeus les a privées de la voix.
Nul ne peut donc échapper à la volonté de Zeus. »
Hésiode, Les Travaux et les Jours, v.90-99.
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Quand ce fut accompli, le dieu des dieux, olympien et goguenard, tonitrua vers les misérables humains : « Les gars, les vacances sont terminées ! ». Voilà d’où nous viennent toutes nos afflictions.
Avec ce résumé de l’histoire, on peut aisément imaginer que le titan journellement grignoté, considéré comme un sophiste par Diogène de Sinope, eût éprouvé quelques agrypnies durant les nuits du tourment, alors que son organe meurtri se régénérait.
Mais, tout finit par s’améliorer : Héraclès, durant ses travaux, eut la tâche de délivrer le voleur de feu, ce qu’il honore d’abord en zigouillant d’une flèche le rapace glouton. La préservation des espèces en voie de disparition et autres peccadilles écologiques n’arrêtent pas un tout en muscles ! Puis d’un coup de poignet assuré, il brise le carcan solidement ancré au rocher. Notre héros finalement libéré pourra vaquer à de nouvelles occupations. Se faisant, on se réconcilie vaguement…
Il subsistera tout de même une bricole à l’étymologiquement prévoyant : un anneau forgé du fer de ses chaines, avec un morceau du Caucase comme brillant. Il est un tantinet encombrant le bijou. Surtout si la Dame Pronoia, Océanide et épouse, l’expédie manu militari faire quelques emplettes, le quotidien finit toujours par nous rattraper!
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Enfin viendra le temps de l’interprétation et de l’adaptation de cette épique aventure :–
Dans l’antiquité, Les platoniciens, les cyniques, les théophrastéens s’en donnent à cœur joie.
Plus tard, Thomas Hobbes associe la journalière gastronomie de l’aigle à cette crainte de l’avenir qu’a l’humanité.
Selon Gaston Bachelard , « le complexe de Prométhée est le complexe d’Œdipe de la vie intellectuelle ».
Albert Camus, en 1946 : « Ô justice, ô ma mère, s’écrie Prométhée, tu vois ce qu’on me fait souffrir. » Et Hermès raille le héros : « Je suis étonné qu’étant devin, tu n’aies pas prévu le supplice que tu subis. — Je le savais, répond le révolté. » Prométhée aux Enfers », dans L’Été, Gallimard.
En 1818, l’écrivaine britannique Mary Shelley sous-titre son roman fantastique Frankenstein « Le Prométhée moderne » En 1899, l’écrivain français André Gide publie un roman Le Prométhée mal enchaîné. Le poème de Johann Wolfgang von Goethe a été mis en musique par Johann Friedrich Reichardt.
Franz Schubert compose « Prometheus » en 1819, Hugo Wolf s’y atèle en 1889 et le compositeur russe Alexandre Scriabine compose Prométhée ou le Poème du feu en 1910.
Bien d’autres encore se sont emparés du mythe (Claude Nougaro, Akhenaton, du groupe IAM et Emperor le groupe de Métal Norvégien avec son titre « Prometheus: The Discipline of Fire »).
Au cinéma, en 1921, Marcel L’Herbier propose Prométhée… banquier et en 2012 Ridley Scott réalise Prometheus, un film de science-fiction, suite de la saga Alien.
Et, certainement bien d’autres encore, cette liste n’est aucunement exhaustive.
Conséquemment, il fallait bien que j’en profite un peu du gastronomique épisode de la mythologie grecque, palsambleu !
À tantôt, et bonne Agrypnie !
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Prométhée : Le sacrifice fait partie de la culture grecque.– Hésiode dans la Théogonie propose d’ailleurs une analyse mythologique du partage des biens du sacrifice : Zeus enchaîne Prométhée sur le Caucase et le condamne à avoir le foie dévoré.
La raison de sa colère est ensuite exposée:
« En dépit de sa colère, il renonça à la rancune qu’il gardait à Prométhée, Sur quoi, le père des dieux et des hommes lui dit : Et Prométhée aux pensers fourbes lui répondit Il dit, le cœur plein de fourbe, et Zeus aux conseils éternels – Et aussi bien est-ce pourquoi, sur la terre, les fils des hommes brûlent aux immortels Ainsi, irrité, parlait Zeus aux conseils éternels ; Mais le brave fils de Japet sut le tromper — Théogonie, vers 533-570, Traduction Paul Mazon |
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Ces dieux olympiens me fascinent. Cruels, rusés joyeux si proches des humains. Ils sont tout de même moins restrictifs que les « dieux » dont on nous parle actuellement, qui interdisent tout même aux femmes de montrer leur visage.
Absolument…
Les monothéismes sont mortifères.
merci.