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Antonin ARTAUD POUR EN FINIR AVEC LE JUGEMENT DE DIEU« Pour en finir avec le jugement de dieu », est initialement une création radiophonique enregistrée dans les studios de la Radiodiffusion française (RDF) entre le 22 et 29 novembre 1947.
Elle fut censurée la veille de sa première diffusion, le 1er février 1948, par son directeur, Wladimir Porché. Les textes sont lus par Maria Casarès, Roger Blin, Paule Thévenin et l’auteur. L’accompagnement est composé de cris, de battements de tambour et de xylophone enregistrés par l’auteur lui-même.
Chapitre 5 : Conclusion |
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Interprété par Nathalie Vallée, Didier Bourguignon
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— Et à quoi vous a servi, monsieur Artaud, cette Radio-Diffusion ?
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— En principe à dénoncer un certain nombre de saletés sociales officiellement consacrées et reconnues:
cette émission du sperme infantile donné bénévolement par des enfants en vue d’une fécondation artificielle de fœtus encore à naître et qui verront le jour dans un siècle ou plus.
À dénoncer, chez ce même peuple américain qui occupe toute la surface de l’ancien continent indien, une résurrection de l’impérialisme guerrier de l’antique Amérique qui fit que le peuple indien d’avant Colomb fut abjecté par toute la précédente humanité. –
–— Vous énoncez là, monsieur Artaud, des choses bien bizarres.
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— Oui, je dis une chose bizarre, c’est que les Indiens d’avant Colomb étaient, contrairement à tout ce qu’on a pu croire, un peuple étrangement civilisé et qu’ils avaient justement connu une forme de civilisation basée sur le principe exclusif de la cruauté.
Et, savez-vous ce que c’est au juste que la cruauté ?
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— Comme ça, non, je ne le sais pas…
( silence de réflexion )
— La cruauté, c’est d’extirper par le sang et jusqu’au sang dieu, le hasard bestial de l’animalité inconsciente humaine, partout où on peut le rencontrer. — L’homme, quand on ne le tient pas, est un animal érotique, il a en lui un tremblement inspiré, une espèce de pulsation productrice de bêtes sans nombre qui sont la forme que les anciens peuples terrestres attribuaient universellement à dieu. Cela faisait ce qu’on appelle un esprit. Or, cet esprit venu des Indiens d’Amérique ressort un peu partout aujourd’hui sous des allures scientifiques qui ne font qu’en accuser l’emprise infectieuse morbide, l’état accusé de vice, mais d’un vice qui pullule de maladies, parce que, riez tant que vous voudrez, mais ce qu’on a appelé les microbes : c’est dieu, et savez-vous avec quoi les Américains et les Russes font leurs atomes ? — Vous délirez, monsieur Artaud. Vous êtes fou.
– — Je ne délire pas. Je ne suis pas fou. Je vous dis qu’on a réinventé les microbes afin d’imposer une nouvelle idée de dieu. On a trouvé un nouveau moyen de faire ressortir dieu et de le prendre sur le fait de sa nocivité microbienne. C’est de le clouer au cœur, là où les hommes l’aiment le mieux, sous la forme de la sexualité maladive, dans cette sinistre apparence de cruauté morbide qu’il revêt aux heures où il lui plaît de tétaniser et d’affoler comme présentement l’humanité. –
— Que voulez-vous dire, monsieur Artaud ? –
— Je veux dire que j’ai trouvé le moyen d’en finir une fois pour toutes avec ce singe et que si personne ne croit plus en dieu tout le monde croit de plus en plus dans l’homme. Or c’est l’homme qu’il faut maintenant se décider à émasculer. — Comment cela ? De quelque côté qu’on vous prenne vous êtes fou, mais fou à lier. — En le faisant passer une fois de plus mais la dernière sur la table d’autopsie pour lui refaire son anatomie. Je dis, pour lui refaire son anatomie. L’homme est malade parce qu’il est mal construit. Il faut se décider à le mettre à nu pour lui gratter cet animalcule qui le démange mortellement, dieu, et avec dieu ses organes. Lorsque vous lui aurez fait un corps sans organes, alors vous l’aurez délivré de tous ses automatismes et rendu à sa véritable liberté. – Alors vous lui réapprendrez à danser à l’envers comme dans le délire des bals musette et cet envers sera son véritable endroit.
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–— Je ne sais plus trop que vous dire…
Si ce n’est que vous êtes définitivement fou… monsieur Artaud…* (*Ceci n’est pas dans le texte original) |
Texte interprété par : |
Nathalie Vallée (La journaliste)___________________________Retour ↑↑↑↑–
Après des études théâtrales au sein de l’université (Paris et Aix-en-Provence), elle entame une carrière en tant que chargée des Relations Publiques dans un Théâtre. Toutefois, après quelques années d’activité, elle quitte le côté administratif pour rejoindre la lumière du plateau. |
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Didier Bourguignon (L’Antonin)__________________________Retour ↑↑↑↑…a appris son métier de comédien, en 1973, avec César Gattegno, au Théâtre du Rocher à La Garde (83). Il a poursuivi sa carrière dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en tentant de découvrir toutes les facettes de cet art : théâtre classique, contemporain, burlesque, de rue, etc. Également auteur-compositeur-interprète (« Trompette-Bourguignon chantent »), il a été récitant dans des oratorios et autres œuvres musicales. Il est enfin acteur de cinéma et de télévision. Depuis quelques années, il se spécialise dans des solos, et des duos. Contact : didierbourg83@free.fr |
né à Saint Germain en Laye
dans le soixante dix-huit
un jour de premier mai
mille neuf cent cinquante,,,quatre*
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l’enfance s’est passée
les études z’aussi
dans la petite cité
où vivait Jacques Tati
– et puis à 17 ans comme Rimbaud, sapristi ! Il est parti, content de vivre enfin sa vie |
sa vie de planches, de décors, de projos
de foules enthousiastes, de spectateur zéro, d’amitiés fidèles et de haines tenaces et d’amours éperdus et d’amoureuses voraces, – la musique aussi
sa compagne fidèle l’escorta dans sa vie d’interprète rebelle –
sans oublier, oh non !, ce serait ingrat ce bizarre œil rond de la grosse caméra |
tout ça tout ça pour dire
sans faire de rond dans l’eau
que du meilleur au pire
c’était sa brève bio,
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*c’est dommage, si j’étais né quatre ans plus tard, mon poème rimait, Tant pis, je continue,,, Didier Bourguignon |
Texte complet :https://Pour-en-finir-avec-le-jugement-de-dieu |
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