Sète minutes de supplique

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Last Updated on 2 novembre 2023 by Frank César LOVISOLO

Sète – Brassens – Supplique pour être enterré à la plage de Sète – Brel-Ferré-Brassens – Sète photographies
à l’écoute :
ComGris
 

 Un grand merci à ma fille Amélie pour cette baguenaude sétoise.

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« Je te signale que je m’en fous d’être enterré à la plage de Sète, ça m’est complètement égal.
J’ai fait ça pour m’amuser, pour aller aux bains de mer… »

Avouera Georges Brassens, en 1969, lors de la célèbre rencontre radiophonique de Jacques BrelLéo Ferré et Georges Brassens, à propos de la chanson Supplique pour être enterré à la plage de Sète.

 
 
 

Il aurait été indélicat de faire un article photographique Sétois sans remémorer, aux croquantes et aux croquants, le libertaire chanteur, guitariste, auteur, compositeur et, accessoirement, moustachu depuis ses seize ans.

Natif de la commune, sa jeunesse débute par un larcin qui l’obligera, pour fuir sa mauvaise réputation, de quitter la ville… Vous n’allez pas le juger, son père ne l’a pas fait !

Brassens à Sète

Georges BRASSENS au bord du canal — photo GUY LALOT

Le quatrième des parents, sans vergogne
C’était le plus gros le plus grand, le plus grand
Quand il vint chercher son voleur, sans vergogne
On s’attendait à un malheur, à un malheur

Mais il n’a pas déclaré, non, sans vergogne
Que l’on avait sali son nom, sali son nom
Dans le silence on l’entendit, sans vergogne
Qui lui disait « bonjour petit, bonjour petit »

On le vit, on le croirait pas, sans vergogne
Lui tendre sa blague à tabac, blague à tabac
Je ne sais pas s’il eut raison, sans vergogne
D’agir d’une telle façon, telle façon

Mais je sais qu’un enfant perdu, sans vergogne
A de la corde de pendu, de pendu
A de la chance quand il a, sans vergogne
Un père de ce tonneau-là, ce tonneau-là…

La justice lui prodiguera un an de prison avec sursis… Ainsi, l’ami Georges, pour faire oublier sa mauvaise réputation, partit pour Paris où, peut-être, il rencontra la générosité d’un Auvergnat.

On connait la suite, il y a tant de poésies dans ses paroles, même quand elles font allusion à un gorille en rut convoitant les commères du canton.

 
Georges, vous qui vous en fichiez d’être inhumé à Sète, finalement…
On raconte, que le panorama, depuis le Cimetière Le Py qui donne sur l’Etang de Thau, est remarquable.
Mais quand on est mort, je pense que l’on s’en contrefout royalement.
 
Supplique pour être enterré à la plage de Sète
Chanson de Georges Brassens 1966
Sortie en 33 tours en 1966 sur l’album du même nom, elle est d’une durée de min 18 s.
 

La Camarde qui ne m’a jamais pardonné
D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez
Me poursuit d’un zèle imbécile
Alors cerné de près par les enterrements
J’ai cru bon de remettre à jour mon testament
De me payer un codicille

Trempe dans l’encre bleue du Golfe du Lion
Trempe, trempe ta plume, ô mon vieux tabellion
Et de ta plus belle écriture
Note ce qu’il faudrait qu’il advînt de mon corps
Lorsque mon âme et lui ne seront plus d’accord
Que sur un seul point, la rupture

Quand mon âme aura pris son vol à l’horizon
Vers celle de Gavroche et de Mimi Pinson
Celles des titis, des grisettes
Que vers le sol natal mon corps soit ramené
Dans un sleeping du Paris-Méditerranée
Terminus en gare de Sète

Mon caveau de famille, hélas n’est pas tout neuf
Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf
Et d’ici que quelqu’un n’en sorte
Il risque de se faire tard et je ne peux
Dire à ces braves gens « poussez-vous donc un peu »
Place aux jeunes en quelque sorte

Juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus
Creusez si c’est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d’enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche

C’est une plage où même à ses moments furieux
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux
Où quand un bateau fait naufrage
Le capitaine crie « je suis le maître à bord »
Sauve qui peut, le vin et le pastis d’abord
Chacun sa bonbonne et courage

Et c’est là que jadis à quinze ans révolus
À l’âge où s’amuser tout seul ne suffit plus
Je connus la prime amourette
Auprès d’une sirène, une femme-poisson
Je reçus de l’amour, la première leçon
Avalais la première arête

Déférence gardée envers Paul Valéry
Moi l’humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne
Et qu’au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
Et n’en déplaise aux autochtones
 

Cette tombe en sandwich entre le ciel et l’eau
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
Les baigneuses s’en serviront de paravent
Pour changer de tenue et les petits enfants
Diront « chouette, un château de sable »

Est-ce trop demander sur mon petit lopin
Plantez, je vous en prie une espèce de pin
Pin parasol de préférence
Qui saura prémunir contre l’insolation
Les bons amis venus faire sur ma concession
D’affectueuses révérence

Tantôt venant d’Espagne et tantôt d’Italie
Tous chargés de parfums, de musiques jolies
Le Mistral et la Tramontane
Sur mon dernier sommeil verseront les échos
De villanelle, un jour, un jour de fandango
De tarentelle, de sardane

Et quand prenant ma butte en guise d’oreiller
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J’en demande pardon par avance à Jésus
Si l’ombre de ma croix s’y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume

Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon
Pauvres cendres de conséquence
Vous envierez un peu l’éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances
Vous envierez un peu l’éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances

 

 

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8 Commentaires

  1. Line Layet Brenier

    Alors, hormis qu’il avait un gris du Gabon, je ne savais pas qu’il venait de Sète (pas regardé le Wiki) et à ce jour, je me dis……….. Qu’à l’époque, la vie était belle dans le sud est!!!!
    Je n’ai jamais été guitare sèche mais de vraies paroles (un Bashung en fait ou un Jonaz)!
    Bonne continuation dans le sud de Georges!!!

  2. Sète est une ville photogénique, encore faut-il avoir la sensibilité pour en capturer l’essence : le rude des pêcheurs, l’aventure coloniale et les vignes de l’arrière pays.
    Bravo, comme toujours.

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