Last Updated on 20 février 2024 by Frank César LOVISOLO
à l’écoute : Brume |
Quand la neige à Toulon inspire le souvenir et c’est si rare… |
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Ballade des dames du temps jadis |
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Dites-moi où, n’en quel pays,
Est Flora la belle Romaine, Archipiades, ni Thaïs, Qui fut sa cousine germaine, Écho parlant quand bruit on mène Dessus rivière ou sur étang, Qui beauté eut trop plus qu’humaine Mais où sont les neiges d’antan? –
Où est la très sage Héloïs, Pour qui fut châtré et puis moine Pierre Abelard à Saint-Denis? Pour son amour eut cette essoine. Semblablement, où est la reine Qui commanda que Buridan Fut jeté en un sac en Seine? Mais où sont les neiges d’antan? –
La reine Blanche comme lis Qui chantait à voix de sirène, Berthe au grand pied, Bietris, Alis, Haremburgis qui tint le Maine, Et Jeanne la bonne Lorraine Qu’Anglais brûlèrent à Rouen; Où sont-ils, où, Vierge souveraine? Mais où sont les neiges d’antan? –
Prince, n’enquerrez de semaine Où elles sont, ni de cet an, Qu’à ce refrain ne vous remaine: Mais où sont les neiges d’antan? |
Dictes moy ou n’en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine, Archipïadés, ne Thaÿs, Qui fut sa cousine germaine, Echo parlant quant bruyt on maine Dessus riviere ou sur estan, Qui beaulté ot trop plus qu’umaine. Mais ou sont les neiges d’anten ? –
Ou est la tres saige Esloÿs,
Pour qui chastré fut et puis moyne Piere Esbaillart a Saint Denys ? Pour son amour eust ceste essoyne. Semblablement, ou est la royne Qui commanda que Buriden Fust gecté en ung sac en Saine ? Mais ou sont les neiges d’anten ? –
La Royne Blanche comme liz
Qui chantoit a voix de seraine, Berte au plat pié, Bietrix, Aliz, Haranbourgis qui tint le Maine, Et Jehanne la bonne Lorraine Qu’Engloys brulerent a Rouen, Ou sont ilz, ou, Vierges souveraine ? Mais ou sont les neiges d’antent ? –
Prince, n’enquerrez de sepmaine
Ou elles sont ne de cest an, Qu’a ce reffraing ne vous remaine : Mais ou sont les neiges d’antent ? |
François de Montcorbier dit Villon
Né en 1431 (peut-être à Paris) et mort après 1463, est un poète français de la fin du Moyen Âge. Écolier de l’Université, maître de la faculté des Arts dès 21 ans, il mène tout d’abord la vie joyeuse d’un étudiant indiscipliné du Quartier latin. À 24 ans, il tue un prêtre dans une rixe et fuit Paris. Amnistié, il s’exile de nouveau, un an plus tard, après le cambriolage du collège de Navarre. Accueilli à Blois à la cour du prince-poète Charles d’Orléans, il échoue à y faire carrière. Il mène alors une vie errante et misérable. Emprisonné à Meung-sur-Loire, libéré à l’avènement de Louis XI, il revient à Paris après quelque six ans d’absence. De nouveau arrêté lors d’une rixe, il est condamné à la pendaison. Après appel, le Parlement casse le jugement mais le bannit pour dix ans ; il a 31 ans. Ensuite, on perd totalement sa trace. … Le monde de Villon, c’est le Paris de Charles VII. Le Paris de la rive gauche avec son Université (50 collèges, 3000 « artiens », 600 théologiens, juristes et médecins en puissance), ses religieux, ses tavernes et ses prostituées (« Tout aux tavernes et aux filles»), mais aussi de la rive droite avec ses harengères (« Il n’est bon bec que de Paris»), son cimetière des Innocents (« Quant je considere ses testes / Entassees en ses charniers»), ses sergents et le gibet de Montfaucon (« la Montjoye»). |
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Flora – Archipiada – Thaïs – Echo – Heloïs – Pierre Esbaillart – royne – Buridan – Blanche Berthe au grand pied – Bietris – Allys – Jehanne | |
Neige au Mourillon |
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Complément Paul Verhuyck – François Villon et les neiges d’antan |