Charles Baudelaire: Le serpent qui danse

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Last Updated on 24 novembre 2023 by Frank César LOVISOLO

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Le serpent qui danse - ComGris

Charles Baudelaire: Femmes DamnéesComposition pour :

  • Chant
  • Guitares
  • Basse
  • Batterie
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Le Serpent qui Danse

Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d’abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l’eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !

 

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

The Dancing Serpent

How I love to watch, dear indolent creature,
The skin of your so
Beautiful body glisten, like some
Quivering material!

On your deep coiffure
Bitter scented,
Scented, restless sea,
With the blue and brown waves,

Like a ship waking
To the wind of morning,
My dreamy soul prepares
For skies far away.

Your eyes, where nothing is revealed
Of sweet or sour,
Are two cold gems whose gold
Is mixed with iron.

Seeing your harmonious walk,
Abandoned beauty,
One would say a snake was dancing
At the end of a stick.

Under the weight of your sloth
Your infant head
Is balanced with the indolence
Of a young elephant,

And your body bends and stretches
Like a delicate ship
Pitching from side to side and sinking
Its spars in the water.

Like a wave swelled by the melting
Of a groaning glacier,
When your saliva rises
To the edges of your teeth,

I feel I drink some Bohemian wine,
Bitter, victor,
A liquid sky that scatters
Stars in my heart!

(NY: Grove Press, 1974)
  …
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4 Commentaires

  1. Heureuse femme celle à qui s’adresse ce somptueux hommage, plus éloquent qu’une caresse.

  2. Cleymand Fabienne

    Pour un réveil en douceur lumière et musique tamisées le poème que j’aurais aimé recevoir à l’âge ou les sens de mon amoureux étaient en avance sur les miens .

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